Nothing but the Struth

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 22 janvier 1999 - 341 mots

Figure majeure de la photographie contemporaine allemande, Thomas Struth présente au CNP un ensemble représentatif de son œuvre, en privilégiant les années quatre-vingt-dix. Une exposition qui permet de réévaluer les démarches de l’artiste.

PARIS. Il est parfois bien difficile de se débarrasser de son étiquette. Celle de Thomas Struth “photographe de la Nouvelle Objectivité allemande” semble, par exemple, ne plus avoir grand sens aujourd’hui. Struth, qui a fait ses études à Düsseldorf de 1973 à 1983, qui a suivi les cours de peinture de Gerhard Richter et l’enseignement de Bernd Becher dans le domaine de la photographie, a rapidement été catalogué parmi les membres de cette “École de Düsseldorf”, prompts à forcer la réalité  pour confiner, en fin de compte, à une sur-réalité tout aussi irréelle. Ses premières images, à l’exemple des photographies noir et blanc de rues de cités italiennes, gardaient cette propension à déshumaniser la ville pour en extraire ce qui est de l’ordre du domaine public (architectures, rues, mobilier urbain…), dans une approche froide, voire clinique. Une série commandée par un hôpital de Winterthur, en Suisse, ne s’en situe pas moins aux antipodes. Ces photographies de fleurs prises entre 1991 et 1993, aux couleurs vives parfaitement kitsch, pourraient figurer en bonne place dans l’Olympe du chromo contemporain. L’artiste semble plus inspiré quand il saisit des vues d’expositions, comme celle de Gustave Caillebotte à l’Art Institute de Chicago. Les figures des tableaux et les visiteurs semblent se fondre dans une même harmonie. Les mouvements des touristes dans les salles de la Galleria dell’Accademia à Venise répondent parfaitement au tumulte du Repas chez Lévi de Véronèse. Thomas Struth excelle aussi dans ses images d’intérieur d’églises. Ainsi, les visiteurs de l’Église dei Frari à Venise, tout de blanc vêtus, apparaissent dans un divin halo de lumière blanche devant l’Assomption de Titien, l’une de ses plus belles images.

THOMAS STRUTH

Jusqu’au 15 mars, Centre national de la photographie, 11 rue Berryer, 75008 Paris, tél. 01 53 76 12 31, tlj sauf mardi 12h-19h. Catalogue, Thomas Struth, Still, éditions Schirmer/Mosel, 144 p., 195 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°75 du 22 janvier 1999, avec le titre suivant : Nothing but the Struth

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