Des fresques à l’affiche

Le Louvre crée deux nouvelles salles italiennes

Le Journal des Arts

Le 8 janvier 1999 - 530 mots

Dans le cadre de la rationalisation du circuit des peintures italiennes, le Louvre vient d’inaugurer, à l’entrée du parcours, deux salles consacrées aux fresques. Le visiteur retrouvera avec plaisir les Botticelli ainsi que le Calvaire de Fra Angelico, transfiguré par sa nouvelle présentation, et découvrira avec intérêt trois compositions de Bernardino Luini jusqu’alors en réserves.

PARIS - Commencer la visite du département des Peintures italiennes par des fresques – l’un des modes d’expression majeurs des Quattrocento et  Cinquecento – est une bonne idée. Offrir un espace spécifique aux poétiques compositions murales de Botticelli, à trois œuvres de Bernardino Luini jusqu’alors cachées au public, et au sobre et beau Calvaire de Fra Angelico est encore mieux. D’autant que les salles suivantes s’ouvrent, de manière très cohérente, sur le Couronnement de la Vierge du célèbre moine dominicain.

Sans doute serait-il alors déplacé de déplorer que le Louvre n’ait pas sorti davantage de fresques de ses réserves – il restait pourtant de la place –, ou de critiquer la rénovation de la seconde salle. Les cimaises beiges, façon enduit, sont d’une austérité un peu rebutante, la disposition des banquettes aménagées dans les baies surplombant la cour du Sphinx rappelle le métro parisien, et le sol glisse au-delà du raisonnable. Mais peu importe, puisque la mission principale – mettre en valeur les œuvres – est plutôt bien assurée.

Trois Luini dévoilés
Côté Botticelli, peu de changements. Les deux fresques occupent toujours la salle Percier et Fontaine, qui a subi un simple dépoussiérage. Mais un important travail d’éclairage permet d’admirer pleinement ces scènes fascinantes, découvertes en 1873 dans une villa des environs de Florence qui avait appartenu aux Tornabuoni. On ne sait pas identifier avec certitude les protagonistes de Vénus et les Grâces offrant des présents à une jeune fille ou de Jeune homme devant l’assemblée des Arts libéraux, mais tout indique qu’il s’agit d’un décor commandé pour les noces d’un membre de la famille Tornabuoni et que les deux jeunes gens représentent les époux.

Dans la salle suivante, le Fra Angelico est une véritable révélation depuis son transfert du palier de l’escalier Daru. Bien éclairé et bien situé, ce Calvaire retrouve toute l’efficacité spirituelle voulue par son auteur, qui fut l’un des initiateurs de la réflexion dominicaine sur la récente révolution picturale et le pouvoir de l’image. Celle-ci est d’autant plus dépouillée que, peinte dans le réfectoire du couvent San Domenico de Fiesole, elle s’adressait aux frères de l’Angelico.

Tout autre est le suave raffinement des fresques de Luini – une Nativité, une Adoration des Mages et un Christ bénissant –, dont la tradition veut qu’elles aient été réalisées vers 1520-1525 pour l’oratoire d’une demeure privée, la villa Litta, dans un faubourg de Milan. À la mort du duc Antonio Litta Visconti Arese, en 1866, le Louvre a acquis les parois décorées, dont il a éliminé le support en maçonnerie en 1957, pour ne conserver que la couche picturale et l’enduit, aminci et consolidé. Ainsi restaurées, ces fresques sont restées inaccessibles au public pendant quarante ans. C’est un vrai bonheur que d’en découvrir aujourd’hui le doux équilibre, entre détails familiers et dévotion, couleurs intenses et modelés d’inspiration léonardesque, architectures feintes et construction rigoureuse en surface.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°74 du 8 janvier 1999, avec le titre suivant : Des fresques à l’affiche

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque