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Les nouveautés électroniques du Louvre

Le Journal des Arts

Le 5 février 1999 - 772 mots

Création de bases de données, d’espaces de consultation et d’un site éducatif, accompagnée d’une refonte du site Louvre.fr, l’offre multimédia du musée fait aujourd’hui un bond à la fois qualitatif et quantitatif. Grâce à ces nouveautés, le Louvre espère profiter de nouveaux moyens technologiques pour améliorer la diffusion du savoir et favoriser la connaissance de ses collections.

CyberLouvre, le nom fait sourire. Il désigne tout simplement la salle de consultation créée dans les galeries du Carrousel. Dans ce lieu sont accessibles gratuitement les différents produits interactifs du musée, dont le nombre s’est accru de façon significative ces derniers temps. Le Louvre cueille en effet aujourd’hui les fruits de plusieurs années de travail, avec notamment la mise en marche successive de deux bases de données à caractère scientifique sur les collections. La première, baptisée Jupiter, également accessible dans la salle d’étude de la galerie Campana ouverte en décembre, propose la photo et la fiche documentaire de chacun des 5 000 objets exposés dans le département des Antiquités grecques, étrusques et romaines.

La seconde, espérée depuis longtemps, contient l’inventaire informatisé et illustré des œuvres du département des Arts graphiques : les 130 000 fiches y figurent et la moitié des images ont déjà été numérisées. Les nombreux critères de recherche peuvent être combinés, et les réponses sont d’une remarquable précision. Ainsi, pour une demande sur un artiste, figurent non seulement les originaux, les œuvres attribuées et celle de l’entourage ou des suiveurs, mais aussi celles qui lui ont été données puis retirées et celles dont l’attribution est proposée. Si la richesse de cette collection était bien connue grâce aux nombreuses expositions de dessins et de gravures organisées par le département, son ampleur a tout de même de quoi surprendre : 235 originaux de Simon Vouet, 350 de Federico Zuccaro... pour ne citer que quelques exemples.

Ce projet a été mis en chantier en 1989 : dix personnes ont travaillé pendant deux ans à la saisie des 12 000 pages de l’inventaire manuscrit, tandis qu’était entreprise une campagne photographique exhaustive dont l’achèvement est programmé pour 2002. Un logiciel spécialement adapté à cet inventaire a été mis au point pour relier un premier serveur contenant les photos numériques compressées à un second sur lequel figure le texte. Cette base de données sera évidemment accessible dans la salle de consultation des Arts graphiques.

De son côté, le département des Antiquités orientales et islamiques vient de se doter d’une borne interactive consultable dans le hall Colbert et au CyberLouvre. “Nous avons eu pitié des visiteurs accablés par des noms barbares comme Shutruk-Nahhunte”, explique Annie Caubet, chef du département. Il est vrai que ces civilisations s’étendent sur une aire géographique immense, du Maroc à l’Inde, et sur plusieurs millénaires. Royaumes aux noms mystérieux, dieux inconnus du panthéon, régions aux frontières mouvantes, les questions ne manquent pas, et cette borne, avec ses 3 500 objets accompagnés de leurs notices, ses 2 500 vues de sites, d’architecture et de décors, et ses 1 300 pages de textes... devrait permettre d’éclairer un peu plus le visiteur curieux. Elle rend surtout possible un parcours transversal dans l’histoire et l’espace, complémentaire du circuit de visite dans le musée, soumis aux impératifs du déroulement chronologique et par aires géographiques (Levant, Mésopotamie, Iran pour l’Orient ancien). Reste à savoir si les trois postes prévus seront suffisants.

Tous ces nouveaux services ne sont disponibles qu’au Louvre. En revanche, le site Internet Louvre.fr, lancé en juillet 1995, a été complètement refondu : il présente désormais 60 œuvres commentées par département, au lieu d’une quinzaine auparavant, et, à terme, l’ambition est que toutes les œuvres exposées soient disponibles en ligne. Par ailleurs, la navigation a été améliorée : le sommaire reste visible en permanence à l’écran, facilitant le passage d’une rubrique à une autre.

Un site éducatif
Si l’arrivée d’historiens de l’art dans les collèges et lycées n’est pas pour demain, les enseignants d’histoire ou d’arts plastiques qui souhaiteraient malgré tout initier leurs élèves bénéficieront d’un site accessible sur abonnement, conçu par le Louvre en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale, la réalisation technique étant confiée à Oda édition. L’équipement rapide des établissements scolaires en micro-ordinateurs promis par Claude Allègre favorise évidemment la mise en œuvre d’un tel projet. Ce site, baptisé Louvre.edu, est divisé en quatre parties : Musée, qui présente une très large sélection d’œuvres commentées, Bibliothèque, qui rassemble toutes les notices, biographies et synthèses historiques, Bureau, et enfin Forum. Grâce à lui, l’enseignant peut préparer un cours en effectuant une sélection personnelle selon les critères de son choix, puis assurer ce cours en s’appuyant sur les œuvres du Louvre. L’abonnement est aussi ouvert aux particuliers.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°76 du 5 février 1999, avec le titre suivant : Lire, écouter, voir

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