Rembrandt change de visage

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 5 février 1999 - 353 mots

Très attendue, l’exposition « Rembrandt par lui-même », à la National Gallery de Londres puis au Mauritshuis, à La Haye, réunira cet été pour la première fois ses autoportraits. Sa préparation a permis de nombreuses confrontations d’œuvres en laboratoire, qui ont abouti à plusieurs réattributions.

LA HAYE - Confronter les œuvres et les étudier dans des conditions similaires, tel est le credo des experts et des ingénieurs des laboratoires de recherche, qui profitent des opportunités offertes par les grandes expositions. Après la collection Gachet, actuellement présentée au Grand Palais, cela se vérifie pour “Rembrandt par lui-même”. Le Rembrandt Research Project à Amsterdam et le Netherlands Institute for Art History de La Haye ont ainsi examiné la majorité des 27 autoportraits peints qui seront exposés. Résultat : pas moins de trois tableaux réapparaîtront sous une nouvelle étiquette.

Tout d’abord, l’Autoportrait au chapeau à plumes du Mauritshuis ne figurera pas, comme prévu, dans l’exposition. Contestée ces dernières années, son authenticité n’est pas en cause, elle est même confirmée. Mais il est désormais acquis qu’il s’agit du portrait d’un inconnu et non d’une représentation de Rembrandt.

D’autre part, la confrontation entre deux Autoportrait au hausse-col très proches, conservés respectivement au Mauritshuis et au Germanisches National Museum de Nuremberg, a prouvé que le tableau de La Haye, généralement tenu pour l’original, était en fait la copie. Sa radiographie a en effet révélé un dessin sous-jacent identique à la composition allemande, alors que l’œuvre finale présente des différences, dans la position de la tête en particulier. Un émule de Rembrandt a donc reproduit le schéma du maître, avant de modifier et d’interpréter certains éléments. Une étude dendrochronologique a en outre permis de situer la copie au plus tard trois ans après l’exécution de l’original, en 1629. Cette peinture de qualité proviendrait de l’entourage immédiat de Rembrandt, du temps où il travaillait encore à Leyde. Son bon état de conservation, comparé à celui de l’original, explique la confusion.

Le musée de Nuremberg peut finalement se féliciter d’avoir accepté de prêter son tableau... contrairement au Louvre qui n’enverra aucun de ses quatre autoportraits, parmi lesquels une œuvre déclarée “partiellement autographe”.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°76 du 5 février 1999, avec le titre suivant : Rembrandt change de visage

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