Saint-Pétersbourg menacée

Le Journal des Arts

Le 19 février 1999 - 366 mots

Menacée par les eaux comme Venise,
Saint-Pétersbourg mise elle aussi sur une barrière de protection pour éviter une inondation dévastatrice. Hélas, la banqueroute du pays compromet l’achèvement de ce projet, entrepris en 1979.

SAINT-PÉTERSBOURG - “La probabilité d’une inondation catastrophique est très forte”, écrit Vladimir Iakovlev, gouverneur de Saint-Pétersbourg, dans une lettre adressée au Premier ministre russe pour l’alerter des risques pesant sur sa ville. Le danger n’est pas théorique si l’on se souvient qu’à trois reprises, en 1777, 1824 et 1924, l’ancienne capitale a été dévastée par les flots. Inquiet des inondations de la mi-octobre, au cours desquelles la Neva s’est élevée à 2,2 mètres au-dessus de son niveau habituel, il demande au gouvernement fédéral de débloquer des crédits afin d’achever la barrière de protection située au large, dans le golfe de Finlande. Il ne réclame pas moins de 953 millions de roubles (environ 210 millions de francs) au titre du budget 1999. Si des financements suffisants étaient régulièrement apportés, la barrière serait opérationnelle en 2004. Les difficultés économiques de la Russie rendent pourtant improbable l’achèvement de ce projet, dont le coût total est estimé à cinq milliards de francs. En 1998, seuls 13 millions de roubles ont été versés sur les 153 prévus.

“Aujourd’hui, nous ne pouvons pas protéger la ville, estime Vladimir Lesogorov, directeur de l’organisme public chargé de la construction de la barrière. Et les dommages d’une inondation catastrophique dépasseraient largement les coûts d’achèvement”. “Une inondation de trois mètres seulement submergerait tout le centre historique de la ville.” Les nombreuses institutions culturelles sont les premières menacées et se préparent à cette éventualité. À l’Ermitage, le personnel est régulièrement entraîné à réagir aux inondations, et, dans le cadre de la restructuration du musée, un système moderne de drainage capable de pomper rapidement l’eau hors des caves est en cours d’installation.

Considérée comme la meilleure des protections, la barrière, dont la construction a progressé par à-coups depuis 1979, a été laissée à moitié achevée à la fin des années quatre-vingt. En 1994, après qu’une commission internationale d’experts indépendants eût jugé le péril écologique inexistant, le maire d’alors, Anatoli Sobtchak,  avait demandé au gouvernement d’en reprendre la construction. Aujourd’hui, il est sans doute trop tard.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°77 du 19 février 1999, avec le titre suivant : Saint-Pétersbourg menacée

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