Un Saga de transition

L’avenir du salon soulève des interrogations

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 5 mars 1999 - 581 mots

Saga, le Salon de l’estampe, du dessin et de la photographie, quitte cette année l’espace Branly pour s’installer porte de Versailles, du 19 au 24 mars, à côté de son encombrant grand frère, le Salon du livre. La manifestation pâtira-t-elle de ce regroupement ou au contraire profitera-t-elle de l’affluence de son voisin ?

PARIS - Un nombre d’exposants en baisse (110 au lieu de 124), moins de galeries étrangères et des défections notables, comme celle de Michael Woolworth : le déplacement du Saga porte de Versailles semble avoir contrarié quelques galeries françaises et étrangères. Ne risque-t-il pas de refroidir également certains collectionneurs ? “Avec sa relocalisation porte de Versailles, le Saga risque de perdre une partie de son prestige et de sa notoriété, soutient Cristelle Franciosa, assistante d’Anne Lettrée. A contrario, le regroupement du Salon du livre et du Saga, en 1994 et 1995, avait attiré davantage de passage et une clientèle plus cosmopolite qu’au quai Branly”.

D’autres exposants craignent que ce regroupement se traduise à court terme par la disparition du Salon. Réunir en un même lieu deux clientèles et spécialités très différentes, l’univers confidentiel de l’estampe et le monde plus industriel du livre, risquerait, selon eux, de nuire à la manifestation. Cécile Monteiro-Braz, assistante de Franck Bordas, ne partage pas cette inquiétude. “Nous avons été très satisfaits du regroupement des deux salons, en 1995. Il y a eu une bonne communication entre les deux domaines”, souligne-t-elle. Pour Henri Jobbé-Duval, directeur général adjoint de la société organisatrice Reed-OIP et fondateur du Saga, la réunion en un même lieu des sections édition de livres d’art et bibliophilie du Salon du livre et du Salon des métiers d’art (fournisseurs des métiers d’art, encadreurs) ne peut que le renforcer et attirer un public plus nombreux. “De toute façon, l’équilibre financier ne pouvait plus être atteint quai Branly. Nous avions donc le choix entre supprimer la manifestation ou profiter de l’espace disponible porte de Versailles pour lui permettre de perdurer”.

Alechinsky, Doisneau, Man Ray...
Cette treizième édition réunira comme à l’accoutumée un panorama de la création contemporaine dans les domaines de l’estampe, du livre d’artiste, de la photographie, du dessin et de la bibliophilie contemporaine. Franck Bordas, spécialisé dans la lithographie originale et l’impression d’art, proposera une lithographie originale d’Alechinsky de grand format (120 x 160 cm), tirée à 40 exemplaires, Les aiguilles de Belle-Île (25 000 francs), ainsi que des livres d’artistes comme ces contes du Grand Nord pour enfants de Bengt Lindström, Histoires de Orrem Jarka (1 500 francs), et 99 ouvrages écrits et illustrés par Paul Cox, dont Les draps de nos lits, Marguerite et le bâton, Jésus de Nazareth et Le Duvet. Chaque livre, unique, est illustré de 69 lithographies originales réunies sous coffret à mécanique (2 200 francs). Catherine Putman a sélectionné un ensemble d’estampes d’Alechinsky, Asse, Baselitz, Buraglio, Van Velde, Viallat, qu’elle présentera sur un petit stand de 20 m2 avec les catalogues raisonné de l’œuvre de Pierre Buraglio et d’Henri Michaux. De son côté, Alain Paviot, aux côtés de cinq autres galeries spécialisées dans la photographie sur un espace de 85 m2, a réuni des photographies et des dessins de Doisneau, Moholy-Nagy, Cartier-Bresson, Brassaï, Man Ray, et des tirages photomécaniques de Charles Nègre et d’Alphonse Poitevin. “Nous anticiperons ainsi sur notre exposition Charles Nègre, qui se tiendra à la galerie aux mois de mai, juin et juillet”, précise-t-il. Pour sa part, la galerie 1900-2000 a choisi des œuvres de Man Ray, Germaine Krull, Paul Wolff et Robert Doisneau.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°78 du 5 mars 1999, avec le titre suivant : Un Saga de transition

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