Art ancien

Couleurs du Nord

L’Âge d’Or danois chez J.-F. Heim

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 2 avril 1999 - 524 mots

Villes paisibles, portraits, intérieurs intimes, paysages danois et italiens sont quelques-uns des thèmes chers aux peintres de l’Âge d’Or danois (1800-1850) dont une quarantaine d’œuvres sont exposées jusqu’au 24 avril à la galerie Jean-François Heim.

PARIS. Des nuages blancs pommelés flottent dans un ciel bleu surplombant des collines en pente douce à l’herbe vert tendre. Des murs de pierres recouverts de mousse structurent ce paysage danois en le divisant en trois parties. Au premier plan, quelques paysans chargent des ballots de paille sur une charrette, tandis qu’un jeune garçon se dirige vers eux pour leur apporter à boire. “J’aime la tranquillité de ce paysage de fin de moisson de Lorens Frølich (1820-1908), explique Jean-François Heim. Il rappelle certaines œuvres de l’école de Pont-Aven. J’apprécie le talent des peintres danois pour retraduire une lumière. Bien avant d’autres artistes, ils ont compris que la lumière bouge, varie. Ces bons peintres de paysages sont en revanche moins appréciés pour les figures”. Fasciné par la pureté et la transparence de la lumière des tableaux nordiques, Jean-François Heim collectionne depuis une dizaine d’années des œuvres de l’Âge d’Or danois. En soixante ans, Paris a accueilli trois expositions sur la peinture danoise. La plus importante, qui s’est tenue au Grand Palais en 1984-1985, réunissait 152 tableaux et quatre dessins représentatifs de l’Âge d’Or, qui montraient l’apport de l’art français et de la peinture allemande.

Une lumière pâle et étrange
Au-delà de ces influences, l’exposition organisée par Jean-François Heim illustre la singularité de la peinture danoise, marquée par une fine perception de la lumière, un souci du cadrage et des détails. En témoigne La brume en forêt de Terkel après le coucher du soleil, de Carl Georg Scheuermann (1803-1859), dont la lumière pâle et étrange contraste avec les tons chauds du crépuscule (550 000 francs). “C’est un tableau presque japoniste, explique le marchand. Une composition imaginaire qui se rapproche des œuvres des peintres naïfs.” De Constantin Carl Christian Hansen (1804-1880), une Vue du temple de Poséidon à Paestum affiche ce même souci de la lumière et des couleurs : les deux personnages assis à l’ombre de colonnes doriques semblent fuir la chaleur du soleil dont la puissance envahit la toile. Il existe deux autres versions de ce tableau, dont l’une est conservée au Musée Thorvaldsen à Copenhague et l’autre dans une collection privée danoise. Les œuvres de Johan Christian Dahl (1788-1857) se rapprochent de l’univers des romantiques allemands, telle cette Vue de Dresde de 1854, aux tonalités sombres et étouffées. À noter aussi une huile de Frederik Hansen Sødring (1809-1862), l’un des meilleurs paysagistes danois : Vue d’un sous-bois de Bregentved (85 000 francs) est l’esquisse du tableau de réception de l’artiste à l’Académie, en 1844. Parmi les plus beaux portraits figure celui de Sophie Krohn par Christen Købke (1810-1848). Élève d’Eckersberg, Købke est connu pour ses portraits et ses scènes de la vie quotidienne danoise, des petits tableaux raffinés et émouvants.

PEINTRES DE L’ÂGE D’OR DANOIS

Jusqu’au 24 avril, exposition-vente, galerie Jean-François Heim, 134 rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris, tél. 01 53 75 06 46, tlj sauf dimanche 10h30-13h et 14h-18h30, samedi 14h-18h, fermé pendant le week-end de Pâques.

Patrimoine scandinave

Jean-François Heim expose un tableau de Johan Christian Dahl (1788-1857), Vue de Vakero aux alentours de Christiania, représentant un couple placé devant un paysage inspiré de Friedrich. Ce paysage onirique provenant d’une collection privée n’a été autorisé par les pouvoirs publics à quitter le territoire norvégien qu’à la condition d’être vendu à un musée. Le marchand de la rue du faubourg Saint-Honoré s’était vu imposer les mêmes contraintes à l’occasion de la vente de deux toiles de Købke, Portrait d’Adolphine Peterzen et Marchand de cigare à la porte de la citadelle de Copenhague. Elles ont été achetées par le Musée du Louvre en 1997. Cette démarche originale ne pourrait-elle pas être reprise avec profit par d’autres pays européens ?

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°80 du 2 avril 1999, avec le titre suivant : Couleurs du Nord

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