Jim Dine, enfant chéri du Guggenheim

Le Journal des Arts

Le 16 avril 1999 - 495 mots

Jim Dine est l’un des artistes préférés du Musée Guggenheim. L’institution consacre actuellement une rétrospective à celui qui avait commencé, à l’âge de vingt ans, à travailler avec Alan Kaprow, Claes Oldenburg et les artistes new-yorkais de la génération ayant succédé à l’Expressionnisme abstrait et précédé le Pop Art.

NEW YORK - Jim Dine a mis en scène certains des premiers happenings, des créations aujourd’hui rigoureusement documentées par des photographies et des cassettes audio dans l’exposition du Guggenheim. Ses happenings qui, avec des masques et des danses, recréaient l’imagerie des rêves, étaient emblématiques de performances toujours renouvelées et souvent introspectives. Bien plus tard, l’artiste a avoué qu’“avec les happenings, nous essayions de devenir célèbres. On s’amusait beaucoup ; nous étions encore des enfants.”

Dans les années soixante, il a réalisé des œuvres à partir d’objets usuels et de déchets, a peint des cravates, des vestes, et même ses cheveux. Dine a fixé directement sur la toile des marteaux et des outils de toutes sortes. Dans le texte qu’il a rédigé pour le catalogue, le commissaire de l’exposition Germano Celant fait référence à Heidegger et à l’École de Fontainebleau pour commenter un tableau sur lequel sont accrochés un rouleau de papier toilette et un miroir. Il explique que l’artiste “met en évidence l’idée d’un espace infini qui commence dans un lieu fermé, intime, puis fusionne avec le microcosme pour s’étendre au macrocosme.” Cependant, la plupart de ses tableaux suggèrent une simplicité bien plus enfantine. “Il en émane une sorte de niaiserie qui me plaît et qui n’est pas sans rappeler les enfants, l’art des enfants, l’art des fous, a déclaré Dine lors d’un long entretien avec Germano Celant, publié dans le catalogue. On peut essayer de se fondre dans un état de venue au monde, mais je ne suis pas naïf au point de croire qu’on peut y arriver innocemment. Je me sers de cette idée comme d’autres de la peinture. C’est une autre manière de faire, une autre technique.”

Jim Dine est l’enfant chéri du Guggenheim. Son directeur Thomas Krens avait établi, alors qu’il travaillait au Williams College, un catalogue raisonné des gravures de l’artiste datant des années soixante-dix et quatre-vingt. Et le précédent directeur du musée, Thomas Messer, avait acheté certaines des œuvres de jeunesse présentées ici. “Nous voulions monter une rétrospective de grande envergure qui ferait date, indique Clare Bell, commissaire adjoint de l’exposition. Mais nous avons remarqué que le public ne connaissait pas bien les œuvres des débuts. Cette exposition rappelle le rôle joué par Jim Dine dans les années cinquante et soixante, tout en créant une passerelle pour appréhender son travail actuel.” La seule autre grande exposition consacrée à Jim Dine, celle du Whitney Museum en 1970, avait, elle aussi, mis l’accent sur les œuvres réalisées à partir des années soixante.

JIM DINE : WALKING MEMORY 1959-1969

Jusqu’au 16 mai, Solomon R. Guggenheim Museum, 1071 Fifth Avenue, New York, tél. 1 212 423 3500, tlj sauf jeudi, 10h-18h, vendredi et samedi 10h-20h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°81 du 16 avril 1999, avec le titre suivant : Jim Dine, enfant chéri du Guggenheim

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