Pollocktiquement correct

Le Journal des Arts

Le 16 avril 1999 - 225 mots

Cachez cette cigarette que je ne saurais voir ! Après Lucky Luke et André Malraux, c’est Jackson Pollock qui tombe sous le coup du politiquement correct. Le nouveau timbre américain de 33 cents à son effigie le représentera sans la cigarette qu’il fumait sur la photographie originale.

NEW YORK. Après l’énorme succès remporté par la rétrospective Jackson Pollock à New York, actuellement présentée à Londres, les services postaux américains ont décidé de créer un nouveau timbre, mais le portrait du peintre a été retouché. La photographie prise par Martha Holmes pour le magazine Life, en 1949, représente Pollock réalisant un dripping, une cigarette au coin des lèvres. Le “petit détail qui n’avait pas à être là”, selon les termes de Dan Smeraldi, attaché de presse du US Postal Service, a été purement et simplement effacé. Il semble que la Poste américaine se soit inspirée du cas de deux autres célèbres fumeurs. Pour ne pas inciter les innocents lecteurs à la consommation de tabac, la légendaire cigarette du cow-boy de Morris a été remplacée par un insolent brin de paille. De même, en 1996, la Poste n’a pas hésité à modifier le portrait d’André Malraux réalisé par Gisèle Freund pour respecter la loi Evin. Le timbre a donc privé de sa cigarette l’ancien ministre des Affaires culturelles pour qu’il soit dans l’air du temps, désormais pur.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°81 du 16 avril 1999, avec le titre suivant : Pollocktiquement correct

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