L’Asian Art Fair

Une quatrième édition moins éclatante

Le Journal des Arts

Le 30 avril 1999 - 599 mots

Manifestation phare de la Semaine asiatique new-yorkaise, la quatrième Foire internationale d’art asiatique qui s’est tenue du 25 au 30 mars a une fois de plus remporté un grand succès, même si le niveau des ventes s’est révélé inférieur à celui de l’an passé.

NEW YORK (de notre correspondante) - L’inauguration, avancée d’une journée en raison du week-end de Pâques, n’a pas empêché le public d’affluer. Cependant, malgré les déclarations des organisateurs, Brian et Anna Haughton, qui affirment que la fréquentation a été plus importante que lors de la précédente édition, les exposants ont eu l’impression que le week-end était très calme. La combinaison des vacances scolaires et religieuses a sans doute nui à la manifestation. Quelques grands collectionneurs ne sont venus que le dernier jour ; certains ne se sont pas déplacés.

La plupart des marchands affichaient cependant leur satisfaction. Les nouveaux venus, en particulier le Londonien Sam Fogg qui exposait des miniatures indiennes, Malcom Fairley, de l’Asian Art Gallery, avec des objets en métal et des émaux japonais de l’époque Meiji, et Art Forum Singapore avec des œuvres d’art contemporain, ont enregistré des résultats exceptionnels. Fait nouveau par rapport à l’an dernier : les pièces les plus importantes n’ont pas été vendues immédiatement. Ce sont au contraire les pièces à des prix raisonnables qui, proposées en grand nombre, ont permis aux marchands de réaliser l’essentiel de leur chiffre d’affaires. Ce phénomène semble être lié à l’apparition de nouveaux collectionneurs sur le marché. Pour l’art chinois, une multitude de pièces était proposée mais aucun chef-d’œuvre ne s’imposait. Le flux d’objets exceptionnels, qui avait contribué à rendre les collectionneurs très sélectifs au cours des dix dernières années, s’est finalement tari, d’autant plus que, comme les marchands, ils sont devenus très attentifs à la provenance des objets. Gisèle Croës a vendu la majorité de ses bronzes antiques et Nicholas Grindley presque tout le mobilier qu’il exposait. L’objet le plus rare et sans doute le plus cher – le prix se chiffre en millions de francs – était présenté par Plum Blossoms Ltd, de Hong Kong. Un ensemble de panneaux mongols du XIIIe siècle, en soie et or tissés, utilisés comme tenture murale dans un palais impérial ou dans une tente et exécutés pour la cour mongole à l’époque de Koubilaï Khan, est soumis depuis la fin de la foire à un musée américain pour une acquisition éventuelle . Pour Anne-Marie Kévorkian, seule exposante française, la marchandise proposée sur les stands était de moins bonne qualité que l’an passé et “comportait un nombre élevé de sculptures indiennes et khmères douteuses”. Elle a vendu moins de pièces qu’en 1998, mais a cédé ses objets les plus importants, parmi lesquels figuraient des miniatures et des manuscrits. L’art contemporain était bien représenté cette année, et le niveau des transactions dans ce domaine a été élevé. À noter encore l’abondance d’objets provenant de l’Inde, de l’Himalaya et de l’Asie du Sud-Est, comme ces sculptures en pierre très demandées chez John Eskenazi et Doris et Nancy Wiener. Les nombreux objets en métal et les paniers japonais se sont également très bien vendus.

Les acheteurs, essentiellement européens et américains, compensaient la faible présence des Asiatiques. Selon certains observateurs, l’activité n’a pas atteint le niveau de la précédente édition. Il est de toute façon peu réaliste de croire qu’une foire d’une telle qualité puisse être chaque année aussi mobilisatrice. Les expositions dans les galeries ont elles aussi été plébiscitées. La moitié des pièces que présentait Eskenazi Ltd chez PaceWildenstein a ainsi trouvé preneur, dont une rare cloche en bronze de la dynastie Shang acquise par un musée européen.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°82 du 30 avril 1999, avec le titre suivant : L’Asian Art Fair

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