De Chopin à Artaud

Belle dispersion de lettres, partitions et reliures Art déco

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 30 avril 1999 - 576 mots

L’étude Beaussant & Lefèvre dispersera le 26 mai à Drouot, à l’occasion du 150e anniversaire de la mort de Frédéric Chopin, quatre lettres autographes et 23 partitions destinées à son ami Franchomme. La vente comprendra également des lettres d’Antonin Artaud et de Guillaume Apollinaire, ainsi que des ouvrages de Flaubert et de Maupassant dans des reliures Art nouveau et Art déco.

PARIS. “Très cher ami. Si je ne t’ai pas écrit plutôt, ce n’est pas faute d’y avoir pensé, mais faute d’avoir voulu t’envoyer en même temps mes pauvres manuscrits, qui ne sont pas encore terminés. [...] Mon bon, je fais tout mon possible pour travailler – mais cela ne va pas – et pourvu que cela continue, mes nouvelles productions ne pourront plus faire penser ni aux gazouillements des fauvettes ni même à la porcelaine cassée. Il faut me résigner. Écris moi. Je t’aime comme toujours. F. Ch.” Cette lettre autographe, écrite le 8 juillet 1846 lors du dernier séjour de Chopin à Nohant, est adressée à Auguste Franchomme (1808-1884), violoncelliste, élève de Levasseur, brillant interprète et compositeur de variations, fantaisies et adaptations sur des thèmes de Chopin, Mozart et Beethoven, notamment. Les deux hommes se sont rencontrés en 1832, alors que Franchomme était premier violoncelle de la Musique du roi Louis-Philippe. Une profonde amitié s’est instaurée entre les musiciens, renforcée par leur participation commune à plusieurs concerts. Cette lettre a été écrite au moment où les relations entre Chopin et George Sand sont au plus bas, envenimées par des tensions au sujet des enfants de la romancière. Ils rompront quelques mois plus tard, en mai 1847. Également estimée 100-120 000 francs, une lettre du 20 septembre 1844 correspond à une autre période difficile de la vie du compositeur : il vient de perdre son père et George Sand l’accueille à Nohant, l’entourant de toute son affection. Signée Ch., une lettre du  21 juillet 1849, a été écrite trois mois avant la disparition du musicien, le 17 octobre 1849 (40-50 000 francs). Lors de l’enterrement de Chopin, Franchomme jouera une dernière fois pour son ami, en participant à l’exécution du Requiem de Mozart. Le 30 octobre prochain, à l’occasion du 150e anniversaire de sa mort, la Messe d’enterrement sera reprise par l’Orchestre national et les chœurs de Radio-France en l’église de La Madeleine à Paris. Autre document unique, un ensemble de 23 partitions imprimées in folio (60-80 000 francs) dont l’une – Études pour piano opus 10 – est dédicacée à Auguste Franchomme : “À mon ami chéri. Au Franchomme. F. Chopin”. Y figurent notamment deux Nocturnes pour piano, opus 27 et quatre Mazurkas pour piano opus 24. À noter encore un billet et une lettre de Frédéric Chopin. Adressée à Mademoiselle de Rosières, la lettre est datée du 24 août 1849, quelques semaines avant la disparition du musicien. Elle porte un long post-scriptum de sa sœur, Louise Jedrzejewicz, qui est venue à Paris pour le soigner. Seront également dispersés des documents sur Paul Verlaine – son diplôme de bachelier (50-60 000 francs) –, des poèmes manuscrits, dont un poème érotique de 1904 (Hombres, 60-80 000 francs), ainsi que des lettres d’Antonin Artaud et de Guillaume Apollinaire, dont une Lettre à Lou (20-25 000 francs). S’y ajoute à une bibliothèque renfermant des ouvrages de Flaubert et de Maupassant dans des reliures Art nouveau et Art déco, et des livres anciens comme ces rééditions des Fables de La Fontaine illustrées par Jean-Baptiste Oudry (10-15 000 francs).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°82 du 30 avril 1999, avec le titre suivant : De Chopin à Artaud

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