L’Art déco atteindra-t-il de nouveaux sommets ?

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 30 avril 1999 - 565 mots

Quelques très hauts prix ont été enregistrés dernièrement à Paris lors de ventes Art déco, particulièrement pour des pièces de Ruhlmann. Le nombre restreint d’objets et la forte demande ont entraîné une flambée des prix qui pourrait influer sur les résultats des deux ventes spécialisées du printemps, organisées le 19 mai à l’Espace Tajan, et par l’étude Millon, Robert le 5 mai, à Drouot Montaigne.

PARIS - Les prix des meubles des grands ébénistes de l’Art déco, tels Ruhlmann, Printz, Dunand et du Plantier, n’en finissent pas de flamber. Le 10 février, à l’Espace Tajan, les 32 lots de la vente Ruhlmann provenant de la collection Jean Bloch ont pulvérisé leurs estimations, l’ensemble partant à 10,7 millions de francs au lieu des 5 millions prévus. Une des pièces maîtresses de la vacation, un bureau plat en loupe de noyer d’Amérique et galuchat, a été adjugée 2,5 millions de francs. “Cette vente a redonné à Ruhlmann sa place de leader sur le marché de l’Art déco, estime l’expert Félix Marcilhac. Le Riesener de l’Art déco a longtemps pâti du succès enregistré par les meubles de Jean-Michel Frank et Pierre Chareau.”

Ce succès a drainé les plus beaux objets vers l’étude Tajan, qui proposera le 19 mai plusieurs pièces importantes, d’Émile-Jacques Ruhlmann notamment, comme ces douze chaises (1925) issues de la collection Andy Warhol (500-600 000 francs) qui devraient dépasser l’estimation étant donné la rareté d’un tel ensemble sur le marché. À noter aussi une paire de fauteuils bas en acajou à dossier arrondi présentant une ceinture à godrons sculptés et pieds gainés (300-400 000 francs), ainsi qu’un élégant chiffonnier en palissandre ouvrant à deux portes galbées à filets d’ivoire en diagonale (400-500 000 francs). “C’est un meuble très fin, presque fragile. Ruhlmann a affiné tous les supports et allégé la structure,” poursuit Félix Marcilhac. Sera également mis en vente un ensemble de meubles d’Armand Rateau, dont une étrange table basse dont le plateau en marbre noir fileté de marbre blanc est soutenu par des oiseaux en bronze (400-500 000 francs). Il existe une variante de ce modèle où les oiseaux du piétement sont séparés par un intervalle. Dans son lampadaire “aux faisans” (400-500 000 francs), Rateau revisite l’Antiquité pour donner naissance à une construction sculpturale aux formes végétales. La vacation propose encore des œuvres de Paul Dupré-Lafon, tel un bureau en bois vernis à la façade ornée de tiroirs en parchemin (500-600 000 francs), de Pierre Chareau – une paire de fauteuils en palissandre recouverts de velours (220-250 000 francs) –, deux vasques de Louis Süe, un paravent à six feuilles de Dunand et divers luminaires.

Verreries Daum et Gallé
Moins prestigieuse, la vente organisée le 5 mai à Drouot Montaigne par l’étude Millon, Robert, avec le concours de Jean-Marcel Camard, ne comporte aucune pièce exceptionnelle mais plusieurs objets dignes d’intérêt, comme une paire de bancs en fonte de fer rechampi blanc simulant des membrures végétales ligneuses (120-150 000 francs), un étrange meuble à journaux en placage de palissandre de Rio (150-180 000 francs), une paire de tabourets en hêtre, une banquette à longue assise rectangulaire garnie de cuir noir de Jean-Michel Frank, ou une collection de verreries 1900 de Daum et Gallé, dont un vase balustre à décor tombant de fleurs de magnolias (90-120 000 francs).

La section Vernissage de notre prochain numéro sera consacrée à l’Art déco, notamment à ses collectionneurs et à son marché.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°82 du 30 avril 1999, avec le titre suivant : L’Art déco atteindra-t-il de nouveaux sommets ?

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