Renaissance d’un musée

La collection Stibbert à Florence retrouve sa splendeur

Le Journal des Arts

Le 14 mai 1999 - 524 mots

Abritant une somptueuse collection d’arts décoratifs et d’armures, le Musée Stibbert à Florence, installé dans la villa de son fondateur, était promis il y a quelques années encore à une mort lente et silencieuse. Il a aujourd’hui retrouvé sa splendeur d’antan grâce à d’indispensables restaurations et à l’action de son conservateur Cristina Aschengreen-Piacanti.

FLORENCE -  Inspiré par William Morris et les conceptions du mouvement Arts and Crafts qui insistait sur la qualité des objets fabriqués à la main, Frederick Stibbert (1838-1906) avait réuni dans sa villa florentine un vaste ensemble d’armes et d’armures, de vêtements et de meubles d’époques et de cultures différentes, en privilégiant les arts appliqués de la période 1500-1800. À cet égard, le musée évoque autant son fondateur que sa collection. Né à Florence mais élevé en Angleterre, le jeune Frederick Stibbert a combattu dans l’armée de Garibaldi. Ce qui explique sans doute la place centrale qu’y occupent les costumes militaires. Voyageant sans cesse à travers le monde et la complétant à chacune de ses étapes, en particulier à Londres, Paris et Florence, Stibbert a noirci des milliers de pages de notes et de croquis sur ses rencontres avec des marchands, des spécialistes, des antiquaires, des conservateurs de musées et d’autres collectionneurs, enregistrant ainsi les progrès de son éducation personnelle.

À l’instar de l’Américain Henry Frick, son contemporain, ou de Herbert Horne, son rival installé de l’autre côté de la ville, Stibbert était à la fois philanthrope, collectionneur et créateur de musée. Il a transformé la demeure familiale, la Villa Montughi, en une “maison/musée” et, en collaboration avec l’architecte Cesare Fortini, a conçu un lieu qui pourrait plus tard être ouvert au public.

Une dotation digne du Getty
Entre 1879 et 1900, il a ajouté trois grandes galeries entourées d’un parc, avec un lac artificiel, une grotte, une orangerie et, comme c’était la mode à l’époque, un temple égyptien. Décédé en 1906, Stibbert a confié par testament la direction du musée à une fondation, avec une dotation à peu près égale à celle dont dispose le Musée Getty aujourd’hui mais qui a été réduite à néant par la dévaluation de la lire italienne après la Première Guerre mondiale. Le musée a ensuite fonctionné sur les maigres fonds alloués par le conseil municipal de Florence, accueillant gratuitement les groupes scolaires en contrepartie. En 1995, la dégradation du toit et de la façade a toutefois mis un terme à cette mort lente. La municipalité est alors intervenue pour financer la restauration de la maison, tandis que le gouvernement régional de Toscane apportait des fonds et la Casa di Risparmio de Florence une subvention pour transformer l’ancien quartier des domestiques en un espace d’exposition supplémentaire, appelé Aile nord.

Celle-ci a été inaugurée avec “Le vêtement pour le corps, le corps pour le vêtement”, où étaient opposées les philosophies de l’Europe et de l’Islam à travers une vaste collection de vêtements, accessoires, tissus, broderies, dentelles, dont de nombreuses pièces inédites. Elle a attiré 3 000 visiteurs par mois, et ce succès permet à son conservateur de prévoir une série continue d’expositions thématiques. La première, consacrée aux armures japonaises, débutera en octobre et durera un an.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°83 du 14 mai 1999, avec le titre suivant : Renaissance d’un musée

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