Une fructueuse association

Les meubles de Le Corbusier et de Charlotte Perriand

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 2 juillet 1999 - 466 mots

François Laffanour présente jusqu’au 30 juillet quelques meubles mythiques des années 1928-1959, fruits de l’association entre Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand : des meubles métalliques et tubulaires, des fauteuils pivotants, des pièces simples et épurées en aluminium, plastique ou tôle d’acier aux formes géométriques.

PARIS - “Des casiers, des tables, des chaises”. Le Corbusier présente à l’Exposition des Arts décoratifs de 1925, dans son pavillon de l’Art nouveau, un programme d’équipement minimaliste. Les murs blancs ne sont égayés que par des tableaux de Léger, d’Ozenfant ou de lui-même. En 1927, il commence à s’intéresser au mobilier, se concentrant d’abord sur les pièces à position variable, comme le fauteuil basculant ou les rocking-chairs coloniaux, avant de mettre au point ce qui deviendra la célèbre chaise longue B 306. À ce moment commence sa fructueuse collaboration avec Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand. François Laffanour, à la galerie Down Town, présente des meubles fabriqués pour l’aménagement de divers bâtiments construits par Le Corbusier entre 1930 et 1959, dont la Cité radieuse (1945-1952) à Marseille, et les pavillons de la Suisse (1933) et du Brésil (1953-1959) de la Cité universitaire à Paris. Aluminium, plastique, tôle d’acier sont quelques-uns des nouveaux matériaux utilisés pour ces pièces épurées, alliant formes géométriques et couleurs primaires. Charlotte Perriand crée des meubles sobres et fonctionnels : les armoires du pavillon du Brésil, utilisées également comme cloisons (40 000 francs) ; des bibliothèques qui divisent la pièce en deux, bureau d’un côté, tête de lit de l’autre ; des meubles métalliques et tubulaires ; des fauteuils pivotants... Ses petites tables sont équipées de casiers métalliques ou plastiques (10-15 000 francs). Pour le pavillon de la Suisse, Le Corbusier conçoit des chambres standardisées, indépendantes, où chaque meuble est censé répondre aux besoins pratiques des étudiants : tabourets, rangements, lits bas (25-35 000 francs) et banquettes, fabriqués dans des matériaux simples – bois et métal – agrémentés de couleurs vives. Les prototypes imaginés par Le Corbusier et Charlotte Perriand figurent aussi en bonne place dans l’exposition, telles leurs mythiques chaises à dossier basculant au châssis recouvert de drap ou de tissu élastique pour que les meubles soient meilleur marché (70 000 francs). À noter encore quelques pièces réalisées pour la Cité radieuse : un buffet métallique bleu et blanc (70 000 francs), une étagère (35 000 francs) ou un vestiaire (30 000 francs).

Toutes ces créations s’inspirent des maîtres mots de l’architecte et théoricien : inventer et innover. “Le Corbusier attendait de moi avec impatience que je donne vie au mobilier”, expliquait Charlotte Perriand. Des souhaits qu’elle s’est employée à mettre en œuvre.

LE CORBUSIER, CHARLOTTE PERRIAND, MOBILIER 1928-1959

Exposition-vente jusqu’au 30 juillet, galerie François Laffanour - Down Town, 33 rue de Seine, 75006 Paris, tél. 01 46 33 82 41, tlj sauf dimanche-lundi 10h30-13h et 14h-19h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°86 du 2 juillet 1999, avec le titre suivant : Une fructueuse association

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