Ramener la vie dans les musées

Rhône-Alpes met en exergue l’art du XXe siècle

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 2 juillet 1999 - 750 mots

Les deux villes principales de la région Rhône-Alpes privilégient cet été l’art du vingtième siècle, à travers d’importantes expositions au Musée de Grenoble, au Centre d’art du Magasin et au Musée d’art contemporain de Lyon. Cet accueil des créateurs berlinois et américains confirme une fois encore la grande ouverture des institutions hexagonales.

La collection de la Berlinische Galerie, dont les nouveaux locaux sont pour l’heure en rénovation, effectue actuellement un tour d’Europe, qui la conduit de Bonn à Valence, de Porto à Budapest, en passant par Grenoble. Le visiteur peut découvrir ou redécouvrir au Musée de Grenoble un ensemble exceptionnel de cinq cents œuvres liées à la capitale allemande. La création de la Berlinische Galerie, relativement récente, répondait en 1975 au désir de réunir, entre autres, des peintures, dessins, sculptures, installations, photographies de la fin du XIXe siècle à nos jours, signés par des artistes originaires de cette ville ou qui y ont vécu. Avant sa renaissance dans les années soixante-dix, Berlin a été l’une des principales métropoles artistiques de l’Europe du début du siècle, rivalisant dans l’Allemagne de la République de Weimar avec Munich, dont la tradition était bien plus ancienne. L’exposition de Grenoble propose un parcours chronologique qui débute par les principaux protagonistes de “Die Brücke”, de Kirchner à Heckel et Schmidt-Rottluff. Le Groupe de Novembre est représenté par des créateurs comme Freundlich ou Segal. Un cabinet faisant référence à la “Grande foire internationale Dada” de Berlin, en 1920, réunit des pièces de Schlichter, Höch, Heartfield, Hausmann et de la Neue Sächlichkeit (Dix, Schad, Grosz...). Après les œuvres d’artistes originaires d’Europe de l’Est (El Lissitzki, Iwan Puni, Naum Gabo) ou, plus tard, des États-Unis (Edward Kienholz, George Rickey), l’exposition se termine sur des pièces plus récentes de Baselitz, Hödicke, Koberling, Schönebeck et des Nouveaux fauves Fetting et Middendorf. Le Musée de Grenoble présente aussi un exceptionnel ensemble de photographies de Henrich Zille, Erich Salomon et Erwin Blumenfeld. Enfin, de nombreux plans et maquettes d’architectures de projets de Norman Foster, Hans Hollein, Jean Nouvel... rendent compte de l’évolution de la ville depuis la chute du Mur.

Cette question de la destruction et de la reconstruction de la capitale allemande est également au centre des photographies de Jean-Luc Moulène, que montre en même temps l’École supérieure d’art de Grenoble. Ces Berlinbilder sont issues d’un important ensemble d’images que l’artiste a prises lors de son séjour à Berlin, à l’invitation du DAAD (organisme allemand dispensant des bourses) en 1996-1997.

En 1996 également, la galerie berlinoise Barbara Weiss a proposé une exposition personnelle de John Miller. Le Magasin de Grenoble présente cet été la toute première rétrospective de l’artiste américain, dont l’organisation chronologique est due à Yves Aupetitallot et Lionel Bovier. Deux séries de peintures figuratives et de dessins des années quatre-vingt précèdent des reliefs et des sculptures brown impasto, trois séries de photographies et des peintures de jeux télévisés. Dans le même temps, le Centre national d’art contemporain expose dans la “rue” une pièce exécutée in situ par Jim Iserman, et développée à partir de six motifs géométriques modulaires réalisés à partir de six couleurs sur 1 000 m2.

Sur la même surface et au même moment, Robert Morris a créé un immense labyrinthe dans le Musée d’art contemporain de Lyon, des murs conduisant à des espaces-impasses où sont projetés cinq vidéos de performances datant des années soixante. Ailleurs dans le musée, se déploie un projet in progress, “Indoor”, qui réunit quatorze artistes : Airo, Dant, Durham, Esposito, Framis, Hybert, Kahrs, Kinoshita, Melgaard, Pistoletto, Ratti, Schu, Vergara et Zagari. Une manière, selon les commissaires, de “ramener la vie dans les musées”.

A voir

- UN SIÈCLE D’ART À BERLIN, LA COLLECTION DE LA BERLINISCHE GALERIE, jusqu’au 1er novembre, Musée de Grenoble, 5 place de Lavalette, 38000 Grenoble, tél. 04 76 63 44 44, tlj 11h-18h, mercredi 11h-21h. Catalogue. - BERLINERBILDER JEAN-LUC MOULÈNE, du 3 au 31 juillet, École supérieure d’art, 25 rue Lesdiguières, 38000 Grenoble, tél. 04 76 86 61 30. - JOHN MILLER : ÉCONOMIES PARALLÈLES / JIM ISERMAN, jusqu’au 5 septembre, Le Magasin, 155 cours Berriat, 38000 Grenoble, tél. 04 76 21 95 84, tlj sauf lundi 12h-19h. - INDOOR / ROBERT MORRIS, jusqu’au 5 septembre, Musée d’art contemporain, 81 Cité internationale, quai Charles-de-Gaulle, 69006 Lyon, tlj sauf lundi et mardi 12h-19h. Catalogue “Indoor�?, 256 p., 145 F. ISBN 2-906461-49-0. Et aussi - L’ENVERS DU DÉCOR, jusqu’au 31 octobre, Institut d’art contemporain, 11 rue du Docteur-Dolard, 69100 Villeurbanne, tél. 04 78 03 47 00, tlj sauf lundi et mardi 13h-18h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°86 du 2 juillet 1999, avec le titre suivant : Ramener la vie dans les musées

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