Musée

Tintoret sort du grenier

Par Jean-François Lasnier · Le Journal des Arts

Le 2 juillet 1999 - 352 mots

AGEN

Les antiquaires savent bien que des trésors se cachent parfois dans les greniers. La découverte dans les combles du Musée des beaux-arts d’Agen d’un tableau de Domenico Tintoretto, fils du Tintoret, est venue confirmer cet adage. Renaud et Armide, après un long processus de restauration et d’identification, est aujourd’hui présenté au public.

AGEN - Combien d’œuvres attendent-elles dans les réserves des musées d’être tirées de la poussière ? La question brûle les lèvres à écouter l’histoire de Renaud et Armide, une toile de Domenico Tintoretto (1560-1635) retrouvée en juillet 1997 au Musée des beaux-arts d’Agen, à l’occasion d’un récolement. Un tableau dans un état déplorable, caché derrière une série de meubles et d’objets divers, avait attiré l’attention, malgré l’épaisse couche de crasse qui le recouvrait et en empêchait la lecture. L’ouverture de fenêtres d’allégement de vernis laisse deviner un couple amoureux, dans l’esprit vénitien, invitant à pousser plus loin les investigations. Considérée comme une “copie du XIXe siècle d’un tableau de l’école de Véronèse” dans les inventaires du musée, l’œuvre est rapprochée d’un Mars et Vénus de Domenico Tintoretto, conservée à l’Art Institute de Chicago. Commence alors une série de vérifications. Le passage aux rayons X, dans un cabinet de radiologie de la ville, révèle la présence de repentirs, ce qui laisse penser qu’il s’agit d’un original et non d’une copie. Et une analyse de micro-prélèvements effectués sur la couche picturale confirme, par la présence de certains pigments rares, la localisation à Venise à la fin du XVIe siècle : entre 1580 et 1590, ont estimé les divers spécialistes consultés, qui ont unanimement attribué l’œuvre à Domenico.

La restauration n’a pas été une plus mince affaire que l’attribution, si l’on en juge par les photos réalisées avant l’intervention. Gondolée, la toile a dû être retendue, et un rentoilage est venu la consolider. La couche picturale n’était pas dans un état plus fameux, souffrant de soulèvements et de lacunes. Aujourd’hui, Renaud et Armide ont retrouvé un peu de couleur, et le musée s’est enrichi à moindres frais d’une œuvre de qualité, rappelant tout ce que Domenico Tintoretto devait à l’art de son père.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°86 du 2 juillet 1999, avec le titre suivant : Tintoret sort du grenier

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