La main de Michel-Ange ?

Le maître aurait sculpté le Jules II de Saint-Pierre-aux-Liens

Le Journal des Arts

Le 2 juillet 1999 - 366 mots

Selon ses responsables, la restauration du monument funéraire de Jules II dans l’église Saint-Pierre-aux-Liens, à Rome, a révélé que la statue du pape n’était pas de la main de Tommaso Boscoli mais bien de celle de Michel-Ange. La nouvelle attribution a été approuvée par le comité scientifique chargé du projet, au cours d’un colloque à la Bibliothèque Hertziana auquel participaient les plus grands spécialistes de l’artiste.

ROME (de notre correspondante). Le monument commandé à Michel-Ange en 1505 par le pape Jules II pour Saint-Pierre de Rome devait être un imposant ensemble, beaucoup plus élaboré que la version connue aujourd’hui. Cependant, à la suite d’une série de circonstances malheureuses, l’œuvre était devenue pour le sculpteur “une tragédie”, entraînant la réduction du monument, puis son installation dans une église de moindre importance. Jusqu’à présent, les historiens d’art n’attribuaient pas à l’artiste que les figures de Moïse, Léa et Rachel, ainsi que les célèbres prisonniers. L’analyse minutieuse de la technique de sculpture et une relecture des documents existants ont conduit l’équipe de restaurateurs dirigée par Antonio Forcellino à cette nouvelle attribution. Face à une œuvre réalisée par divers auteurs, ils ont tenté d’individualiser les “différents moyens de libérer les images de la pierre”, et sont finalement arrivés à la conclusion que “Michel-Ange passait du burin au ciseau avec lequel il achevait les derniers détails [...] laissant ainsi visibles les traces de l’outil, alors que les “autres” utilisaient la râpe, instrument qui permet un meilleur contrôle du modelé”. De plus, aucun document historique ne prouvait que Tommaso Boscoli en était réellement l’auteur, et seule une déclaration équivoque de Vasari permettait d’y voir la main de ce médiocre sculpteur. À propos de la niche au-dessus du Moïse, il avait déclaré : “Est posée sur le rebord de la corniche une caisse en marbre avec la statue du pape Jules II, réalisée par Maso dal Bosco sculpteur”. Pour Antonio Forcellino, une analyse grammaticale de la phrase accrédite la thèse de l’attribution à Michel-Ange. Le restaurateur affirme que “si Vasari avait cru que Boscoli était l’auteur de la statue de Jules II, il aurait interverti le sujet de la phrase, qui serait devenue : la statue de Jules II placée dans la caisse”.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°86 du 2 juillet 1999, avec le titre suivant : La main de Michel-Ange ?

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