Mieux qu’en 1989

Très fortes enchères à Londres pour les maîtres anciens

Le Journal des Arts

Le 27 août 1999 - 483 mots

Plusieurs records ont été battus lors des ventes de tableaux anciens des 8 et 9 juillet à Londres, les chefs-d’œuvre dépassant les plus belles enchères de 1989, au plus fort du marché. Les meilleurs résultats ont été enregistrés lors de la vente Rothschild organisée par Christie’s, qui a vu une toile de Frans Hals, Portrait de Tieleman Roosterman, adjugée 8,5 millions de livres sterling (environ 85 millions de francs).

LONDRES - La principale attraction des ventes de maîtres anciens est venue de la dispersion des tableaux de la collection Rothschild (lire également p. 31). Ils ont atteint des prix inimaginables, dépassant le niveau habituel du marché et surclassant la plupart des lots vedettes présentés dans les autres vacations de Christie’s et Sotheby’s. Les tableaux en excellent état de conservation et provenant directement de collections privées sont partis le plus facilement, acquis le plus souvent par des Européens qui ont enlevé par exemple huit des dix lots les plus importants de Sotheby’s. Selon Alexander Bell, chez Sotheby’s, cette tendance risque de se confirmer, car l’introduction d’une TVA à 5 % va sans aucun doute dissuader les Européens d’importer des œuvres depuis les pays extérieurs à l’Union européenne.

Quatre des plus belles œuvres de la vente Sotheby’s provenaient de la collection de l’Américaine Basia Johnson. C’était le cas de la Vénus de Dosso Dossi, représentée de face et réveillée par Cupidon dans un paysage italien luxuriant, qui a été adjugée 991 500 livres. Les deux tableaux de Claude Gellée, le Paysage de nuit notamment, qui s’est vendu 1,3 million de livres, présentaient les altérations – oxydation des verts et atténuation des tons sombres – que l’on trouve dans la plupart des œuvres du Lorrain. La peinture hollandaise a elle aussi réalisé de très bons résultats : deux œuvres de Pieter De Hooch, récemment à l’honneur lors d’une exposition à la Dulwich Picture Gallery, ont largement dépassé leurs estimations pour atteindre respectivement 155 500 et 177 500 livres.

Le lot phare de la vente Christie’s apparaissait pour la première fois sur le marché : Vue de la grande promenade, jardins de Vauxhall et L’intérieur de la rotonde, Ranelagh, une paire de Canaletto exécutés en Angleterre, appartenaient à la famille Trevor depuis le XVIIIe siècle. Ils ont été adjugés 3,8 millions à un collectionneur privé, bien en deçà de leur estimation. Malgré son introduction récente sur le marché, Une fête de mariage dans un village de Pieter Bruegel II a obtenu une bonne enchère à 1,4 million, tandis que La kermesse au village de Van Valckenborch se vendait honorablement 375 500 livres. Les prix des plus belles œuvres sont aujourd’hui plus élevés qu’ils ne l’étaient lors du boom de 1989. Mais le marché est nettement plus sélectif qu’il y a dix ans. Il n’y a plus de place pour les œuvres de moyenne gamme qui sont immédiatement reléguées dès qu’elles sont présentées dans les salles des ventes.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°87 du 27 août 1999, avec le titre suivant : Mieux qu’en 1989

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