Monte-Carlo au beau fixe

Fréquentation stable pour la XIIIe Biennale

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 27 août 1999 - 705 mots

Les trente marchands réunis du 31 juillet au 15 août à l’International Sporting Club d’hiver de Monte-Carlo pour cette XIIIe Biennale des antiquaires, joailliers et galeries d’art ont accueilli quelque 18 000 visiteurs. Les bijoutiers-joailliers et les antiquaires semblent avoir dans l’ensemble bien travaillé, soutenus par une conjoncture économique favorable.

MONTE CARLO - L’église San Giorgio Maggiore et la Salute semblent s’élever au-dessus du plan d’eau, en apesanteur, indifférentes au ballet des bateaux et gondoles qui occupent le premier plan du tableau. Dans ce tableau de 1770, Francesco Guardi ne cherche nullement à représenter fidèlement la réalité des lieux. Il s’intéresse davantage à la lumière et au mouvement des gondoliers, habilement esquissés. Une veduta similaire est conservée à Waddesdon Manor, en Angleterre, et une autre au Musée Nissim de Camondo, à Paris. À côté de ce tableau, Jean Gismondi présentait sur son stand une vue de la place Saint-Marc à Venise au moment du Carnaval, par Michele Marieschi (1735).
Aucune des deux œuvres n’a été vendue. En revanche, des clients d’origine russe ont manifesté un vif intérêt pour un grand lustre en cristal et bronze doré fin XVIIIe, provenant de la Manufacture impériale de verre de Saint-Pétersbourg. “On rencontre à Monaco quelques-uns des plus grands collectionneurs au monde en villégiature dans la Principauté, mais aussi de nombreux clients italiens, monégasques et français, précise Jean Gismondi. Cette période d’expansion économique et la décontraction propre aux vacances ont profité à cette treizième édition”. Satisfaction également à la Galerie d’art Saint-Honoré qui exposait notamment quatre tableaux de Pieter Bruegel Le Jeune, dont l’Adoration des bergers dans la neige, une toile à dominante gris blanc rehaussé des petites taches rouges des vêtements des personnages et des briques des maisons. La galerie du 69 faubourg Saint-Honoré proposait aussi un charmant tableau d’Abraham Govaerts représentant les quatre saisons. Exécuté dans un seul panneau de chêne, trois ans avant la mort du peintre en 1623, il est dans un état de conservation exceptionnel. La signature et la date apparaissent très nettement en bas de l’œuvre. “C’est une très bonne exposition, insiste le galeriste qui participe à la Biennale de Monaco depuis sa création. Il y a peu d’exposants mais de qualité, et une belle clientèle composée en majorité d’Italiens, d’Allemands, de Hollandais et de quelques Américains.”

Outre les tableaux anciens, le mobilier classique et les bijoux sont les deux autres points forts de ce salon qui présente aussi quelques tableaux modernes. Maurice Ségoura, vice-président de la Biennale, qui a cédé un secrétaire estampillé RVLC à la belle marqueterie Louis XVI et une table Empire avec des incrustations de marbre, semblait satisfait. “C’est une formule qui marche. Les résultats sont aussi bons que les années précédentes, déclare-t-il. Nous avons cependant rencontré moins de clients américains que lors des éditions précédentes”.

Philippe Perrin notait la présence d’une clientèle spécifique à la Biennale de Monaco, composée selon lui en majorité de clients du Moyen-Orient, mais aussi de Belges et de Hollandais ; il a trouvé preneur pour une table de trictrac estampillée Riesener. Adriano Ribolzi a vendu une paire de commodes Louis XV et une commode Régence ; Anne-Marie Monin, nouvelle venue à Monaco, une paire de meubles vénitiens d’époque Transition. La maison d’art Piero Corsini proposait, elle, une huile du Greco, Le Christ portant la croix, et une commode vénitienne aux tons roses et verts (700 000 dollars) qui n’ont ni l’une ni l’autre été vendues. Les bijoutiers-joailliers (Graff, Sapjo, Spink, Zendrini, Mauboussin, Garland et Viviane Debbas) semblent avoir dans l’ensemble bien travaillé. “C’est un très bon salon, s’exclame François Graff. Nous avons bien vendu pour notre première participation, surtout à des clients européens et américains.” Les marchands de tableaux modernes paraissaient moins enthousiastes. “Les ventes n’ont pas été extraordinaires. Je pensais pouvoir vendre plus d’œuvres pour notre seconde participation à la Biennale, qui se déroulait dans un contexte économique favorable”, indique Daniel Boulakia, qui a cédé un Othon Friesz, 14 juillet sur le port de Rouen, et une huile de Georges Braque, Les Dahlias rouges, autour de 500 000 francs chacun. Deux autres œuvres qu’il exposait ont néanmoins été réservées : un projet de couverture pour le fascicule Corps de dame par Jean Dubuffet et une Composition à la faux de Fernand Léger.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°87 du 27 août 1999, avec le titre suivant : Monte-Carlo au beau fixe

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