La belle manière de Vittoria

Trente évoque la personnalité du sculpteur vénitien

Le Journal des Arts

Le 27 août 1999 - 491 mots

Première grande exposition consacrée au sculpteur Alessandro Vittoria (1525-1608), « La bellissima maniera », à Trente, évoque à la fois l’œuvre et la personnalité de cet élève de Jacopo Sansovino, auquel Palladio lui-même fit appel pour le décor de ses villas.

TRENTE (de notre correspondante) - Avec son maître Jacopo Sansovino, Alessandro Vittoria (1525-1608) est l’un des principaux sculpteurs vénitiens du XVIe siècle. Aujourd’hui, le Castello del Buonconsiglio, à Trente, lui consacre une grande exposition, intitulée “La bellissima maniera : Alessandro Vittoria et la sculpture vénitienne au XVIe siècle”, qui réunit pour la première fois un grand nombre d’œuvres : des bronzes, des marbres et des terres cuites, ainsi que des dessins et des médailles. Une sélection de sculptures réalisées par ses contemporains, parmi lesquels Jacopo Sansovino (1486-1570), complète le parcours.

Arrivé à Venise à l’âge de dix-huit ans, Vittoria se forme dans l’atelier de Sansovino, avant de voler de ses propres ailes et de répondre à des commandes tant ecclésiastiques qu’aristocratiques. Il sculpte ainsi des œuvres aussi bien religieuses, comme le Saint Sébastien de l’église San Francesco della Vigna, à Venise, que mythologiques, tel le Neptune du V&A à Londres, sans parler de ses remarquables portraits qui lui ont attiré une clientèle nombreuse. Il participe par ailleurs aux grands chantiers de la Sérénissime, en créant les caryatides de la bibliothèque Saint-Marc, les stucs de la Scala d’Oro au Palais des Doges.

L’exposition évoque également ses amitiés avec certains peintres, architectes et autres collectionneurs, tels Pietro Aretino, dit l’Arétin, pour lequel il a imaginé les célèbres médailles exposées à Trente, Tommaso Rangone, son principal mécène à Venise, Giorgio Vasari, qui voyait en lui “le meilleur sculpteur et ami de la profession”, Andrea Palladio, avec qui il a travaillé à la villa Pisani, et enfin Véronèse, qui l’a invité à décorer la villa Barbaro, à Maser, autre œuvre célèbre de Palladio.

Une série de carnets de notes noircis par l’artiste se révèle riche d’enseignements sur sa longue carrière. On y découvre ainsi qu’Alessandro Vittoria était un collectionneur passionné, et plusieurs objets qu’il avait acquis permettent aujourd’hui de mieux cerner le goût de l’époque. Parmi les pièces qui étaient autrefois en sa possession figurent L’Autoportrait au miroir du Parmesan, qu’il a acheté à Palladio avant de le céder à Rodolphe II ; le pied gauche du personnage de Michel-Ange Le Jour, et plusieurs tableaux signés Schiavone, Jacopo Bassano et Jacopo Palma. Une acquisition d’un autre type est signalée dans une note datée du 14 mai 1565 : Alessandro Vittoria rachète pour douze ducats et demi un Saint Jean-Baptiste qu’il a exécuté pour l’église de San Geremia, et dont une échéance seulement avait été honorée. L’artiste manifestait un attachement particulier à cette œuvre qu’il conservera jusqu’à sa mort.

LA BELLISSIMA MANIERA : ALESSANDRO VITTORIA ET LA SCULPTURE VÉNITIENNE AU XVIe SIÈCLE

Jusqu’au 26 septembre, Castello del Buonconsiglio, 5 via Bernardo Clesio, Trente, tél. 39 01 61 23 37 70, tlj sauf lundi 9h-12h et 14h-17h30.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°87 du 27 août 1999, avec le titre suivant : La belle manière de Vittoria

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque