Boston ose le licenciement sec

Le Journal des Arts

Le 27 août 1999 - 328 mots

Au nom de la restructuration du Museum of Fine Arts (MFA) de Boston, deux conservateurs ainsi que seize autres salariés ont été révoqués en une journée. La brutalité de ces méthodes a aussitôt provoqué la colère des professionnels des musées et des sponsors.

BOSTON (de notre correspondant). “J’ai été insultée et humiliée”, considère Anne Poulet, conservatrice du département des Arts décoratifs européens au MFA. Elle et son collègue Jonathan Fairbanks, conservateur des Arts décoratifs américains, ont en effet été escortés par la sécurité au bureau des ressources humaines, où ils ont dû rendre clés et passes avant d’être sommés de vider leur bureau avant 15 heures ! Des méthodes hélas courantes dans le monde des entreprises américaines, mais jusqu’ici inédites dans celui des musées. Malcolm Rogers, directeur du MFA depuis cinq ans, n’y est pas allé de main morte : en une seule journée, dix-huit salariés de longue date ont été licenciés et les deux départements d’Arts décoratifs fermés. Au nom de la nécessaire réorganisation de l’institution qui ne comptera plus que cinq grands départements. M. Rogers veut un musée plus grand et plus souple, divisé en sections thématiques qui présenteront les œuvres de manière moins cloisonnée. Malgré les bonnes intentions revendiquées, les sponsors sont consternés par le licenciement de Jonathan Fairbanks, fondateur de son département il y a 28 ans, et celui d’Anne Poulet, à la tête du sien depuis 1980. L’un comme l’autre ont considérablement contribué à enrichir et à faire connaître les collections. Pourquoi ont-ils été renvoyés plutôt que nommés à un autre poste au sein du nouvel organigramme ? Robert Henderson, président du MFA, explique qu’il s’agit “d’une décision de management” et ajoute que le conseil a pensé “que des personnalités d’une telle carrure ne pourraient pas s’adapter à un nouveau poste.” Peut-être, plus prosaïquement, leur autorité et leurs opinions entraient-elles en concurrence avec celles du directeur. Peut-être aussi le musée se transforme-t-il en une banale entreprise culturelle, au détriment de ses missions traditionnelles.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°87 du 27 août 1999, avec le titre suivant : Boston ose le licenciement sec

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