An 2000

Le roman de la rose

Par Olivier Michelon · Le Journal des Arts

Le 10 septembre 1999 - 388 mots

À Paris, l’automne 2000 verra fleurir un jardin médiéval autour du Musée de Cluny, cerné par la circulation automobile bien contemporaine des boulevards Saint-Michel et Saint-Germain. Jusqu’au 20 septembre, le musée propose une présentation du projet.

PARIS - Bulle médiévale au cœur de Paris, le Musée national du Moyen Âge se prépare lui aussi pour le troisième millénaire, mais à reculons... À la faveur de l’automne 2000, une flore séculaire devrait éclore au musée et alentour. En effet, l’Hôtel de Cluny, dont le jardin privé est encore inconnu du public, servira de point névralgique à l’opération “Un jardin médiéval au cœur du Quartier latin”. Menée conjointement par l’État, la Ville de Paris et la Mission 2000 en France, cette action devrait largement profiter au musée. À l’angle des boulevards Saint-Germain et Saint-Michel, entre cour et jardin, près de 4 800 m2 seront concernés par cette leçon de jardinage “à l’ancienne”, qui nécessitera tout de même 7,5 millions de francs et une année – terrassement et ensemencement compris – pour sa réalisation.

Aucune documentation n’existant sur l’authentique jardin médiéval du lieu, les paysagistes Éric Ossart et Arnaud Maurières, déjà auteurs en 1992 de la roseraie de l’Évêché à Blois, ont fait le pari d’en créer un de toutes pièces, synthèse de l’imagerie moyenâgeuse et de l’environnement urbain du Ve arrondissement. Face à la cour de l’Hôtel de Cluny, le square Paul-Painlevé sera décoré d’un tapis de mille fleurs, inspiré des tapisseries conservées dans le musée. Le long du boulevard Saint-Germain, autour des arbres existants complétés par un sous-bois de néfliers, de noisetiers ou d’arbousiers, le square de Cluny se transformera en forêt où seront aménagées deux clairières. Lapins, renards et genettes seront symbolisés par des empreintes laissées dans des dalles de grès. Cette nature “sauvage” sera ensuite domestiquée le long de la rue de Cluny. Trois terrasses achemineront le visiteur vers le musée : “ménagier” – potager – et jardin des “simples médecines” ne seront qu’une étape vers ce qui s’annonce comme l’un des endroits les plus romantiques de Paris : l’hortus conclusus. Partagés entre amour divin et amour courtois, gentils pages et damoiselles pourront y flâner à la recherche de boutons de rose, à moins qu’ils ne préfèrent aller chasser la licorne.

Musée national du Moyen Âge, 6 place Paul-Painlevé, 75005 Paris, tlj sauf mardi 9h15 à 17h45.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°88 du 10 septembre 1999, avec le titre suivant : Le roman de la rose

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