Jean-Claude Lebensztejn, Annexes – de l’œuvre d’art

Au-delà de l’antagonisme entre Fauves latins remplis de “joie de vivre” et Expressionnistes germaniques “angoissés”, pourquoi ne pas regarder les toiles de Matisse, Vlaminck ou de Die Brücke comme une “réaction préventive au problème de l’abstraction” ? C’est la solution offerte en 1967 par Jean-Claude Lebensztejn dans “Sol”. À un mois de l’exposition “Le Fauvisme ou l’épreuve du feu” au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, auquel ce dernier participe, la réédition de cette lecture dans Annexes – de l’œuvre d’art ne manque pas d’à-propos. Dans ce recueil de six écrits, le professeur d’histoire de l’art ne cesse de se placer à contre-courant d’une discipline qui “prétend voir l’art du passé avec les yeux de ce passé, éliminant de son regard tout anachronisme, toute partialité, toute décision qui aurait pour origine le présent de son propre discours”. Position parfois ardue, elle n’en est pas moins séduisante et productive : désir provoqué par l’Amour vainqueur du Caravage, mise à jour des rapports entre peinture, maquillage et prostitution, morceaux choisis de la sprezzatura. À l’image des cadres de tableaux, sujet d’un des textes, ces écrits sont autant d’appendices extérieurs, mais reliés, à l’œuvre d’art.