Michel-Ange : les premières années du maître

Le Journal des Arts

Le 24 septembre 1999 - 629 mots

Depuis une dizaine d’années, les recherches sur la jeunesse de Michel-Ange ont fait des progrès significatifs. À Florence, une exposition partagée entre la Casa Buonarroti et le Palazzo Vecchio en montre les fruits et met l’accent sur la filiation avec l’œuvre de son maître Bertoldo.

FLORENCE (de notre correspondante) - “Le bienveillant Maître des cieux tourna les yeux vers la terre, et voyant la vaine infinité de tant de fatigues, l’insuccès de tant d’études opiniâtres et la présomptueuse opinion des hommes plus éloignés de la vérité que les ténèbres ne sont distantes de la lumière, le Maître des cieux, dis-je, se décida à envoyer sur la terre un génie qui fut universel dans tous les arts et dans tous les métiers.” Ainsi parle Vasari dans la Vie de Michel-Ange, élevant le Florentin au-dessus de tous les autres artistes de son temps. Toutefois, le “divin” Michel-Ange n’en fut pas moins un homme, et son talent ne lui vint pas par une opération du Saint Esprit, mais par un long travail accompli dans sa jeunesse. Malgré l’abondante littérature qui lui est consacrée, cette production précoce reste encore insuffisamment explorée. Depuis quelques années, elle a retenu l’attention des historiens de l’art. Les recherches dans ce domaine avaient connu une étape importante avec “Le Jardin de Saint Marc”, en 1992 à Florence, où étaient soulignés non seulement les rapports entre Buonarroti et Laurent le Magnifique, mais également les liens avec deux autres membres de la famille Médicis, Lorenzo di Pierfrancesco et Piero di Lorenzo. En 1994, lors de la petite exposition à la National Gallery de Londres autour de la Madone de Manchester, l’attribution a été confirmée grâce à la riche documentation historique et scientifique glanée au cours des recherches, tandis qu’un débat autour d’une petite statue en marbre conservée à New York, L’Enfant archer dit aussi Cupidon, divise les spécialistes depuis 1996.

“La Jeunesse de Michel Ange” rassemble pour la première fois, auprès des protagonistes majeurs du monde des Médicis et des artistes qui se sont inspirés de Buonarroti, toutes les œuvres connues des premières années du maître, dont l’Enfant archer, présenté à Florence à la lumière d’un récent nettoyage et d’une série d’examens effectués dans les laboratoires de restauration du Metropolitan Museum à New York, qui, pour Kathleen Weil-Garris Brandt, la commissaire de l’exposition, confirmeraient son appartenance au décor du jardin de Laurent le Magnifique.

L’exposition à la Casa Buonarroti est organisée en trois sections. La première, à partir du relief de Michel-Ange, La Vierge des escaliers, illustre les liens de l’artiste avec la tradition figurative précédente, entre invention et imitation. La seconde s’intéresse au rendu du mouvement et de l’émotion, en rapprochant le relief de la Bataille des Centaures avec certains de ses dessins et ceux de Rubens, ainsi qu’avec les gravures de Pollaiolo sur le même sujet. Abordant la liberté et l’imagination de Michel-Ange, la dernière partie accorde une attention toute particulière aux figures des satyres.

Les premiers pas de Michel-Ange
Au Palazzo Vecchio, si l’on rencontre Ange avec un tambour de Donatello, Chérubin avec un dauphin de Verrocchio, Minerve avec Centaure de Botticelli, une sculpture de Bertoldo di Giovanni du Louvre, l’essentiel de l’exposition est consacré aux premiers pas de Michel-Ange comme sculpteur et comme peintre Pour la première fois, seront présentés ensemble le Crucifix de l’église Santo Spirito à Florence, le Saint Procule réalisé pour l’Arca di San Domenico à Bologne, le Saint Paul de l’autel Piccolomini de Sienne, l’Enfant archer de New York, la Madone de Manchester et quelques dessins de jeunesse. Leur confrontation désigne une même origine : l’œuvre du sculpteur Bertoldo di Giovanni, maître du jeune prodige.

LA JEUNESSE DE MICHEL-ANGE

7 octobre-9 janvier 2000, Casa Buonarroti et Salle d’armes du Palazzo Vecchio, piazza della Signoria, Florence, tél. 39 055 27 681, tlj sauf jeudi 9h-19h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°89 du 24 septembre 1999, avec le titre suivant : Michel-Ange : les premières années du maître

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