Art aborigène

Le rêve austral

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 2 juillet 2008 - 462 mots

Artcurial se lance dans les ventes aux enchères d’art contemporain aborigène avec la collection Peter Los.

PARIS - Après l’art graffiti, Artcurial se tourne vers l’art contemporain aborigène d’Australie. En Europe, cet art rassemble encore peu d’amateurs. Fait exception le Français Arnaud Serval, qui, s’étant rendu dans les communautés australiennes dès 1980, possède aujourd’hui l’une des plus importantes collections dans ce domaine. En France, à peine quatre marchands soutiennent et diffusent cette spécialité, parmi lesquels Stéphane Jacob, qui sillonne les foires européennes. La jeune maison parisienne Gaïa organise des ventes aux enchères d’art aborigène qu’elle couple aux arts premiers dans une formule « regards croisés ». « C’est justement ce qu’il ne faut pas faire si on veut toucher davantage de public européen, avant tout celui de l’art contemporain », lance le collectionneur Peter Los. C’est en voyageant comme géologue sur les terres encore inexplorées du Great Sandy Desert de l’Ouest australien au début des années 1980 qu’il découvre des grottes secrètes ancestrales aux parois peintes. À la suite de ce choc culturel, il renonce à la géologie pour partager le quotidien des Aborigènes, dans le bush, puis dans les communautés du Western Desert, pendant une vingtaine d’années. Il organise parallèlement des expositions de peintures afin de sensibiliser institutions, marchands et amateurs à travers le monde. Sa collection frise actuellement le millier de toiles, directement acquises auprès des artistes.
Si Peter Los confie aujourd’hui 60 tableaux à Artcurial, c’est pour mieux faire connaître cet art. Apparaissant aux yeux des non-initiés comme des compositions abstraites parsemées de constellations pointillistes, labyrinthes de signes, ondulations de bandes et réseaux concentriques, les œuvres aborigènes renvoient à une mythologie des rêves transmise de génération en génération. La fourchette des prix des tableaux va de 1 500 à 52 000 euros, sauf pour la pièce phare de la vente, la grande toile Love Story at Ngarlu (1992), de Clifford Possum Tjapaltjarri, estimée 240 000 euros. Une œuvre de cet artiste majeur décédé en 2002 détient le record du monde pour une peinture d’art aborigène : Warlugulong (1977), adjugée le 24 juillet 2007 à Melbourne chez Sotheby’s pour 2,4 millions de dollars australiens (1,3 million d’euros). « Un faux prix car cette peinture, considérée comme trésor national, ne peut pas sortir d’Australie, comme toute création de plus de trente ans, qui doit être soumise à un permis d’exportation », souligne l’expert français Marc Jallon. Artcurial a invité l’artiste Gabriella Possum Nungarrayi (fille de Clifford) à venir peindre dans ses murs aux yeux de tous deux toiles, qui seront vendues aux enchères hors catalogue.

ART ABORIGÈNE AUSTRALIEN, COLLECTION PETER LOS

Vente le 7 juillet à l’hôtel Dassault, Artcurial, 7, rond-point des Champs-Élysées, 75008 Paris ; exposition publique : du 4 au 6 juillet 11h-19h, tél. 01 42 99 20 20, www.artcurial.com

ART ABORIGÈNE

- Expert : Marc Jallon - Estimation : 600 000 euros - Nombre de lots : 60

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°285 du 4 juillet 2008, avec le titre suivant : Le rêve austral

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