An 2000

Hanovre au tournant

Le Journal des Arts

Le 8 octobre 1999 - 683 mots

Du 1er juin au 31 octobre, Hanovre réunira plus de 180 pays et organisations internationales pour accueillir la dernière exposition universelle du millénaire. 40 millions de visiteurs sont attendus. « Expo 2000 » ne fera donc pas exception à la démesure de ses ancêtres, mais aura fort à faire avec la concurrence des célébrations de l’an 2000 partout dans le monde. Voici un aperçu du programme culturel.

HANOVRE (de notre correspondant) - “Les barrières traditionnelles sont abattues. Le programme culturel portera le sceau du risque et de l’innovation”, annoncent sans crainte les organisateurs d’Expo 2000. Mais un premier coup d’œil à un programme forcément provisoire démontre que la prise de risque sera limitée. Symbolique d’une commémoration obligée, une grande exposition de photographes rassemblera, au Sprengel Museum, par la seule magie d’une technique, des personnalités aussi diverses qu’Eugène Atget, Robert Adams, Karl Blossfeld, Walker Evans, Man Ray, Brassaï, Bernd et Hilla Becher, Stephen Shore ou encore Cindy Sherman, offrant ainsi l’album d’un siècle bientôt révolu. Du duo allemand Carsten Höller et Rosemarie Trockel aux Américains Paul McCarthy et Jenny Holzer, en passant par le Mexicain Gabriel Orozco, l’Autrichien Franz West, la Turque Aysa Erkman ou encore les inventifs Helvètes Fischli et Weiss, la “crème” de l’avant-garde internationale réunie dans “In-between architecture” devra, elle, réussir à dépasser la simple liste prestigieuse. Les artistes seront tout de même épaulés dans cette délicate opération par Kasper König et Wilfried Dickhoff, déjà responsables en 1997 du Münster Sculpture Projekt. Quant à Gerhard Merz, il s’est attelé à la construction d’un pavillon de verre et d’acier, haut de trois mètres, long de quarante et large de dix-huit, éclairé de jour comme de nuit par dix mille néons pendant toute la durée de la manifestation. Le Sprengel Museum honorera un enfant du pays avec “Tout commence avec Merz : de Kurt Schwitters à nos jours”. Au-delà de la simple rétrospective, l’exposition s’attachera à la descendance de l’auteur de l’Ursonate : Fluxus, le Pop Art et la poésie concrète, ou son influence sur des artistes contemporains tels que Lois Renner, Tony Cragg ou Jason Rhoades, désormais habitué des grandes manifestations. Gregor Schneider, qui avait transporté il y a an son étrange demeure au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, proposera peut-être un nouveau Merzbau ?

Les arts, tous les arts
Outre des journées à thème comme les “Étoiles”, “Galaxies et mondes utopiques”, “Le coin des enfants”, “Le jour du tambour”, ou “La forêt”, les programmations de théâtre et de danse seront l’occasion de profiter des gloires de cette fin de millénaire. Peter Zadek présentera son Hamlet, déjà vu au Festival de Vienne cette année, et Peter Stein espère obtenir l’aide de quelques sponsors pour mettre en scène une version marathonienne – dix-neuf heures – de Faust parts I and II. Pina Bausch et Ea Sola feront une apparition, et des négociations sont en cours avec William Forsythe, Saburo Teshigawara et la Need Company, autres grands noms de la chorégraphie. Avec “Home and Away”, un spectacle artistique de trois jours à l’Expo Café, la jeune génération fera ses premières armes sur la scène : des acteurs comme Jonathan Meese ou John Bock, et les groupes “She she pop”, “Showcase beat”, “Le mot” ou “Aspik”. La part dévolue au cinéma, né avec le siècle, sera cependant modeste : un cinéma en plein air et une programmation internationale de films établie en étroite collaboration avec les autres festivals artistiques.

Formé par des membres du célèbre orchestre de chambre Ensemble Modern, auquel viennent se joindre des musiciens de toute l’Europe, l’Ensemble Modern Orchestra, fondé en 1998 spécialement pour Expo 2000, interprétera exclusivement des œuvres du XXe siècle et, actualité oblige, du XXIe siècle. Également au programme, un festival d’auteurs-compositeurs et des concerts de musique tsigane et ethnique. Un opéra spécialement commandé à Volker David Kirchner – une interprétation moderne de l’épopée sumérienne de Gilgamesh – sera donné pour la première fois le 20 mai, dix jours avant l’inauguration officielle d’Expo 2000. Enfin, pour les amateurs de choc des cultures, le groupe de hard rock allemand Scorpions devrait se produire avec l’Orchestre philharmonique de Berlin.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°90 du 8 octobre 1999, avec le titre suivant : Hanovre au tournant

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque