Les Rembrandt du Millénaire

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 22 octobre 1999 - 435 mots

Sous le soleil californien, huit plaques gravées originales de Rembrandt connaissent une nouvelle jeunesse en servant à la réimpression d’un millier de feuilles. Vendues sur l’Internet, ces nouvelles éditions posent le problème de la conservation des plaques, actuellement aux mains d’un collectionneur privé.

LONDRES. La société californienne Intaglio Etchings Ltd. met sur le marché des gravures de Rembrandt imprimées à partir de plaques originales du XVIIe siècle. En dépensant de 675 à 1 890 dollars, les amateurs pourront choisir entre huit gravures différentes, une série rebaptisée pour l’occasion l’Édition du Millénaire. Elles appartenaient à un ensemble de 78 plaques qui, après avoir disparu pendant près d’un siècle jusqu’en 1767, ont servi à de multiples rééditions. En 1983, elles ont été mises en vente par les galeries Artemis, à Londres, et R.M. Light, à Santa Barbara, à des prix allant de 15 000 à 150 000 dollars pièce. La plupart ont été acquises par des musées, mais un collectionneur privé américain en avait acheté huit, qu’il a conservées précieusement avant de les proposer à Intaglio Etchings. John McLaurin, son directeur, ne souhaite pas révéler l’identité du détenteur des plaques, mais confie que “c’est un médecin de Los Angeles qui possède la plus importante collection de gravures de Rembrandt illustrant des thèmes de l’Ancien Testament”. Marjorie Van Dyke, spécialiste américaine de l’impression à partir de plaques anciennes, a mené l’opération. Les huit plaques en cuivre de Rembrandt ont été recouvertes d’une très fine couche d’acier, grâce à un procédé électrolytique, afin de les protéger. Celle-ci se retire très facilement et John McLaurin assure que l’impression d’un millier de copies ne provoquera aucun dégât. D’autres sont inquiets, comme Martin Royalton-Kisch, expert de Rembrandt au British Museum, qui fait valoir que les plaques sont déjà excessivement usées.

Pas de confusion ?
Selon Intaglio Etchings, il n’y aura pas de confusion possible avec les tirages anciens, car les gravures sont clairement proposées comme des éditions de 1999 et le papier Arches utilisé permet de les identifier. Les prix ont été fixés en fonction de la valeur des tirages réalisés après la mort de l’artiste à partir de plaques usagées. Ainsi, la version du Joueur de “kolf” (l’ancêtre du golf) éditée par Intaglio Etchings vaudra 1250 dollars. Des copies des XVIIIe et XIXe siècles se vendent autour de 1000 dollars, alors qu’une bonne édition, imprimée du vivant de Rembrandt, peut atteindre 15 000 dollars, et une feuille de moins bonne qualité 5 000 dollars. Pour devenir l’heureux propriétaire d’une Édition du Millénaire, il n’est pas nécessaire d’y ajouter le prix du voyage en Californie, les gravures sont en vente sur l’Internet !

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°91 du 22 octobre 1999, avec le titre suivant : Les Rembrandt du Millénaire

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