Salon du patrimoine

Exportation : l’encouragement aux artisans

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 5 novembre 1999 - 961 mots

Les artisans des métiers d’art, forts de leur savoir-faire, ne manquent pas de volonté pour se faire connaître. L’État et les Régions leur offrent un appui non négligeable pour conquérir de nouveaux marchés. Leur participation à des salons internationaux constitue souvent la première étape.

PARIS. Être présente dans les grandes manifestations, tel le Salon du patrimoine culturel, peut, pour une entreprise artisanale, être le point de départ d’une grande aventure commerciale. Les Chambres régionales des métiers l’ont bien compris et proposent aux artisans qui veulent se faire connaître une aide financée par les Conseils régionaux : en moyenne, 50 % des frais de locations de stand dans des foires, en France ou à l’étranger, leur sont remboursés. Pour compléter cette action, l’État leur donne un coup de pouce dans la conquête de nouveaux marchés à l’international. Ainsi, le Secrétariat d’État aux PME, au Commerce et à l’Artisanat a créé en début d’année, au sein du CFCE (Centre français du commerce extérieur), une mission “Artisanat-TPE” (Très Petites Entreprises). Son rôle est d’installer un réseau d’agents export – au moins un par Région – dans les Chambres des métiers, qui ont ainsi à leur disposition les outils statistiques d’étude des marchés extérieurs, juridiques ou réglementaires du CFCE. Il n’y a pas  d’aide financière directe à l’export. “Un audit est effectué afin de juger de la solidité financière de l’entreprise. Au besoin, nous l’aidons à monter des dossiers pour obtenir des soutiens financiers, explique François-Xavier Brunet, chargé de mission au CFCE. Mais surtout, une évaluation psychologique est nécessaire, car travailler à l’export n’est pas une démarche commerciale naturelle pour l’artisan”.

Des soutiens extérieurs
D’après l’Assemblée permanente des Chambres des métiers (APCM), pour l’instant, la moitié des Chambres régionales emploient un agent export. “Nous attendons une subvention pour créer un poste. Mais nous n’avons pas attendu le CFCE pour faire quelque chose”, déclare Stéphanie Desforges, chargée de mission aux Métiers d’art de Bourgogne. Depuis cinq ans, l’État et le Conseil régional cofinancent à parts égales un programme spécifique en faveur des métiers d’art : les 493 artisans recensés reçoivent des informations sur les manifestations, salons, concours ; ils peuvent bénéficier de diagnostics financiers, et un site collectif régional sur l’Internet est en train de se créer. En Poitou-Charentes, un site Internet bilingue français-anglais présentant les artisans des 14 filières artistiques existe depuis un an, en complément de la création il y a trois ans d’un pôle régional des métiers d’art, une structure d’appui reconnue et soutenue par une organisation professionnelle de la Région, l’État, des collectivités locales et territoriales, la Chambre régionale des métiers, la Direction régionale des Affaires culturelles et une banque. Sous un statut associatif, elle développe une gamme très complète d’actions et de promotions en France autour des métiers d’art, jusqu’à la commercialisation de produits ou des opérations de partenariat en sous-traitance. La Chambre régionale a aussi obtenu un budget non négligeable d’environ 400 000 francs du Fond social européen, destiné à couvrir les frais de stands collectifs dans les salons professionnels européens. En collaboration avec les Chambres des métiers, les Ateliers d’art de France, organisation syndicale connue à travers le monde grâce au montage de pavillons français dans les salons internationaux, participent à diverses opérations de soutien : d’abord, en louant à moindre coût à des artisans des stands dans ses pavillons ; ensuite, en proposant des programmes de formation à l’export qui sont de véritables tremplins pour les missions à l’étranger. Sophie Villepigue, décoratrice de porcelaine, s’est adressée à eux pour participer à un salon américain mais n’a pas obtenu satisfaction : “Il y a une liste d’attente. C’est assez décourageant”. Mais sa présence dans des salons nationaux lui a déjà permis de trouver des clients en Europe, en Asie et aux États-Unis. De même, Yves Guyot, cadranier-gnomoniste dans le Puy-de-Dôme, s’est “débrouillé tout seul les premières années pour passer des contrats à l’étranger”. Il s’étonne aujourd’hui de “découvrir toute une panoplie d’aides” dont il ignorait l’existence. Récemment contacté par une municipalité près de Beyrouth pour la réalisation d’un cadran solaire, il demande à présent des conseils directement au CFCE.

Des initiatives personnelles
Le département des Hauts-de-Seine est très tourné vers l’international. En effet, la Chambre départementale des métiers suit depuis dix ans les petites entreprises désireuses d’exporter et propose une aide financière plus importante. Lors de déplacements en groupe sur des salons à l’étranger, la Chambre des métiers rembourse non seulement les frais de location de stand, mais aussi le voyage, l’hébergement et l’interprète, avec un plafond de 10 000 francs par entreprise. Elle supporte aussi en grande partie la prospection de marchés et le suivi des contacts pris sur place, grâce à un réseau de correspondants au Proche et au Moyen-Orient, dans les pays de l’Est et au Japon. Informé par un bulletin de la Chambre, Jean-Louis Stromboni, peintre sur nacre, s‘est ainsi rendu à un salon à Dubaï. “Des professionnels ont étudié s’il était pertinent de m’y rendre, compte tenu de mon activité et des possibilités commerciales sur place. J’ai eu là-bas beaucoup de contacts et je pense y retourner l’an prochain, soit par la Chambre, soit autrement, par le biais d’une galerie d’art  ou d’un décorateur”. Pour leur part, Frédéric Kuily et Sandrine Savina, restaurateurs de peintures murales et de cadres en bois doré en Loir-et-Cher, ont su combiner soutien local et financement privé. Leur entreprise étant en cours de création, ils tiennent un stand au Salon du patrimoine culturel avec la Chambre des métiers du Centre, grâce à un “porteur d’entreprises”. Ils ont même eu l’idée de se faire sponsoriser par lui pour réduire encore leurs frais. Dans l’ensemble, les entreprises artisanales, et plus spécialement les métiers d’art, disposent d’un soutien croissant de toutes parts, mais elles savent aussi faire preuve de beaucoup d’ingéniosité pour entreprendre.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°92 du 5 novembre 1999, avec le titre suivant : Exportation : l’encouragement aux artisans

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