SVV Osenat - Du mobilier pour l’immobilier

Masseran en vente à Fontainebleau

La plus belle vente de la saison en mobilier, le contenu de l’hôtel Masseran

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 17 juin 2008 - 693 mots

Décidée à redonner son faste d’antan à l’hôtel Masseran, à Paris, la République de Côte d’Ivoire met aux enchères une partie de son contenu, soit une centaine de pièces de mobilier. Parmi les rares tableaux proposés, La Femme au fagot d’Auguste Renoir devrait atteindre 2 millions d’euros. Estimé à plus de 5 millions d’euros, l’ensemble sera dispersé à Fontainebleau, par la SVV Osenat.

FONTAINEBLEAU - Bien qu’agacé par un relent de polémique concernant une vieille histoire de succession à l’Africaine (lire le JdA 283, 6 juin 2008, p. 27), Jean-Pierre Osenat se frotte les mains. Le commissaire-priseur bellifontain a décroché la vente du prestigieux mobilier parisien de l’hôtel Masseran, proche des Invalides. Cet hôtel particulier, construit à la fin du XVIIIe siècle par l’architecte Alexandre Théodore Brongniart pour le prince de Masserano, fut le théâtre de célèbres bals costumés organisés dans les années 1920 par le comte Étienne de Beaumont avant d’être acquis après guerre par le baron Élie de Rothschild. Le chef d’État ivoirien Félix Houphouët-Boigny le racheta dans les années 1970 et compléta son ameublement par de luxueux achats chez les grands antiquaires de la place parisienne et en ventes publiques. Depuis sa mort en 1993, le bâtiment, classé Monument historique, laissé en désolation, s’est beaucoup dégradé. Aujourd’hui, la République de Côte d’Ivoire, propriétaire des lieux, a décidé de lui redonner son faste d’antan. Pour financer d’importants travaux de restauration, l’État ivoirien se sépare d’une partie de son contenu, par voie des enchères publiques. Des représentants ivoiriens ont contacté plusieurs maisons de ventes dont celle d’Osenat, réputée pour ses ventes « Empire » et d’automobiles de collection. La célérité, la disponibilité et l’enthousiasme du commissaire-priseur ont eu raison d’une concurrence pusillanime. L’ensemble exceptionnel d’une centaine de lots pourrait dépasser largement l’estimation de 5 millions d’euros. Une aubaine pour Jean-Pierre Osenat dont le chiffre d’affaires a atteint 17,6 millions d’euros en 2007.

Fastueuses commodes
Peu de tableaux sont présentés mais une huile sur toile de Renoir, La Femme au fagot (1882), estimée  autour de 2 millions d’euros, est le lot le plus cher de la vente. La sélection de meubles est d’un luxe imposant, à l’exemple d’une paire de bas d’armoire XVIIIe, d’après un modèle Louis XIV d’André-Charles Boulle, ayant appartenu au baron d’Ivry, estimée 600 000 euros. La vente offre un défilé de prestigieuses commodes telle une pièce d’époque Louis XVI, estampillée Jean-Henri Riesener, en placage d’acajou moucheté et bronzes ciselés et dorés, ainsi qu’un modèle d’époque Louis XV, marqueté de cubes et d’un panier de fleur, estampillé Jean-François Oeben, estimés 200 000 euros chacun. Toujours au chapitre des commodes françaises XVIIIe, notons un exemplaire d’époque Louis XV en marqueterie, attribuée à Pierre-Antoine Foullet, estimée 150 000 euros, et une pièce d’époque Louis XV marqueté d’un décor géométrique, estampillée Dautriche et estimée 120 000 euros. Notons encore une paire de commodes italiennes de la fin du XVIIIe par Giovanni Maffezzoli, marquetée de grandes compositions architecturales et estimée 150 000 euros, dont les Italiens sont très friands.
Parmi les autres objets qui vont marquer la vente, un ensemble de salon d’époque Louis XV, composé d’un canapé et de six fauteuils à la reine estampillés Père Gourdin, et estimé 150 000 euros. Cette suite en bois laqué et couverte de tapisserie fine d’Aubusson à sujets de fables de La Fontaine, est classée Monument historique et donc frappée d’interdiction de sortie de France. Ce qui n’est pas le cas d’une autre suite d’époque Louis XVI estampillée Jean-Baptiste Séné, comprenant un canapé et six fauteuils à la reine en bois sculpté et redoré, couverts de tapisserie de Beauvais, estimée 200 000 euros. Une bataille d’enchères internationales et notamment russes est aussi très attendue pour une belle paire de coupes XVIIIe, en agates sardoine montées en pot-pourri, à support de bronzes dorés à têtes et pieds de bélier, provenant des anciennes collections des comtes de Demidoff à Florence (Italie), estimée 130 000 euros.

LES COLLECTIONS DE L’HÔTEL DE MASSERAN

Vente le 29 juin à 14h30, SVV Osenat, 5, rue Royale, 77300 Fontainebleau, tel. 01 64 22 27 62, www.osenat.com, expositions publiques : le 25 juin 14h-18h, les 26, 27 et 28 juin 10h-18h et le 29 juin 10h-12h.

L’HÔTEL DE MASSERAN

- Experts : Jean Nérée Ronfort (mobilier), François Lorenceau (tableaux modernes), René Millet (tableaux anciens) et Élisabeth Floret (textiles) - Estimation : 5 à 7 millions d’euros - Nombre de lots : 100

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°284 du 20 juin 2008, avec le titre suivant : Masseran en vente à Fontainebleau

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