Land Art

Ecritures Long

Par Christophe Domino · Le Journal des Arts

Le 17 juin 2008 - 479 mots

L’artiste britannique présente de nouvelles œuvres à Nice.

Nice - Sans être rétrospective, l’exposition « Richard Long » au Mamac, à Nice, s’annonce comme une traversée dans l’œuvre de l’artiste anglais : à l’exception d’une douzaine de photographies de ses interventions dans le paysage, toutes les pièces sont récentes et même réalisées pour l’occasion. En particulier, trois œuvres minérales au sol, quatre « mud paintings » (peintures de boue) au mur, deux grandes pièces typographiques et un groupe d’objets marqués : des piquets de tente touareg portant une série d’empreintes du doigt de l’artiste au kaolin.
Que s’est-il passé dans l’œuvre depuis sa dernière exposition majeure en France, à l’ARC, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, en 1993 ? Long est un marcheur au long cours, et il n’a pas pris de nouvelles routes. Il se tient toujours dans ce temps étiré de la pierre et des éléments, mais la présente exposition souligne combien la question du Land Art (dont Long tient à se distinguer) et du paysage vécu demeure pour lui bien autre chose qu’un naturalisme nostalgique, mais proprement une matière à écriture. Long n’est pas bavard sur son travail, même s’il sait se montrer disert dans la vie quotidienne. Il se méfie du verbe, au point de se passer souvent de texte dans ses catalogues. Celui qui est édité pour le Mamac ne manque pas à la règle, mais présente des images des œuvres réalisées et de l’artiste.
C’est donc bien de formes d’écriture dont il est question, comme à Nice. D’écritures, qui vont de la typographie murale pour ces courts poèmes légendés (« day to day camp to camp water to water summit to summit boulder to boulder footpath to footpath rainstorm to rainstorm experience to experience », huit lignes centrées en plein mur pour cette marche de huit jours en Écosse de 2007) aux écritures non discursives, figures de géométrie des pièces au sol, marques et traces, selon cette pratique très présente au Mamac : une fois diluée la boue alluviale, le kaolin ou encore la terre de Vallauris, choisie par référence à Picasso, Long « peint » à pleine main, soit des empreintes répétées inscrites dans une spirale, soit ce badigeonnage à pleins doigts dont l’apparence tumultueuse laisse percevoir l’énergie du geste plus que l’empreinte du corps comme signe. Les éclaboussures et autres « dripping » ont cette dynamique forte pour Long qui dit « peindre avec de la pierre », la coulure se fixant dans sa consistance minérale. Deux hexagrammes complétent le parcours. Impressionnante, la grande salle polygonale et ses sept murs sur fond noir ont de quoi ravir, dans cet équilibre entre présence physique et force mentale. Richard Long est décidément un grand maître.

Richard Long

Jusqu’au 16 novembre, Mamac, Promenade des Arts, Nice, tél. 04 97 13 42 01, tlj sauf lundi, 10h-18h. Cat. éd. Cumedo, 18 euros, ISBN 88-89182-01-6

Richard Long

- Commissaire : Gilbert Perlein, directeur du Mamac, assisté de Julia Lamboley - Œuvres nouvelles : 3 pièces minérales au sol, 5 peintures murales

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°284 du 20 juin 2008, avec le titre suivant : Ecritures Long

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