Sculpture aiguë

De Maria à la Fondation Prada

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 3 décembre 1999 - 383 mots

Protagoniste majeur du Land art et du Minimal art, Walter De Maria a installé dans les murs de la Fondation Prada, à Milan, trois grands ensembles réalisés dans les années soixante et soixante-dix.

MILAN - Walter De Maria jouit d’une certaine popularité en Europe, où il a bénéficié de nombreuses rétrospectives ainsi que de commandes publiques, dont celle, en 1989, du monument pour le bicentenaire de la Révolution française à l’Assemblée nationale. Pourtant, l’exposition de la Fondation Prada est sa première monographie en Italie. Aussi anciennes que soient les pièces montrées, De Maria a eu pour ambition de réactiver l’ensemble dans une installation conçue comme une œuvre d’art globale, aidé en cela par Germano Celant, commissaire de l’exposition. Ainsi, le premier espace regroupe Cross (1965), Museum Piece (1966) et Star (1972), trois œuvres provenant du Guggenheim de New York : toutes en aluminium, elles contiennent chacune une sphère de la même matière de 9,1 cm de diamètre. Le dialogue de l’artiste avec son travail passé se poursuit de façon surprenante avec Gold meters, datée de 1976 mais montrée pour la première fois au public. L’artiste a en effet attendu une vingtaine d’années avant de trouver les conditions idéales pour déployer sa pièce, conservée dans les collections du Dia Center for the Arts, à New York. Sculpture monumentale composée de huit panneaux d’un mètre carré en acier inoxydable, elle décline en huit temps une progression numérique exponentielle : chaque surface reçoit de deux à quatre-vingt-un cercles d’or (de 22 à 99), découpés dans un cylindre en or d’une livre.

L’utilisation de suites mathématiques est récurrente dans le travail de Walter De Maria. Créés en 1969, Beds of Spike en apportent d’ailleurs la preuve. Prêtée par le Musée des beaux-arts de Bâle, l’œuvre articule cinq rectangles de deux mètres sur un, toujours en acier, sur lesquels sont fixées de petites pointes d’un trentaine de centimètres en forme d’obélisque. Leurs nombre varie selon une progression simple, de trois à cent cinquante-trois. Véritables planches de fakir, les surfaces aiguisées tiennent en respect le visiteur imprudent, qui devra d’ailleurs signer une décharge de responsabilité à l’entrée des salles !

WALTER DE MARIA

Jusqu’au 4 janvier, Fondazione Prada, via Spartaco 8, Milan, tél. 39 02 54 67 02 16, tlj sauf lundi 10h-19h. Catalogue, 150 000 lires (environ 500 F).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°94 du 3 décembre 1999, avec le titre suivant : Sculpture aiguë

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