Macao et la Chine, un état des lieux

Le Journal des Arts

Le 3 décembre 1999 - 576 mots

Le 20 décembre, Macao sera restituée à la Chine. Avant cette date historique, voici une visite dans l’ancienne colonie portugaise qui a restauré des demeures historiques et ouvert plusieurs musées sur les 32 km2 de son territoire.

Hong Kong - Le Musée d’art de Macao est installé dans le Centre culturel où aura lieu la cérémonie de restitution. Son directeur, Ung Vai Meng, a hérité de 2 000 œuvres de la collection du Museu Luís de Camões, à présent fermé. Conçu par l’architecte local Bruno Soares, il dispose d’un espace d’exposition de 10 000 m2. À proximité, se trouve le Musée du Vin, qui présente les différentes étapes de la fabrication et expose sa collection de 1 050 crus, dont le plus vieux est un Madère de 1815 ; un bar de dégustation proposant une sélection de cinquante vins portugais termine le parcours. Abrité dans le même bâtiment, le Musée “Grand Prix” est consacré au “circuit Guia” qui traverse la ville et vaut à Macao le surnom de “Monaco de l’Orient” : y sont exposés des voitures de course et des souvenirs du premier Grand Prix qui s’est couru à Macao en 1954, sans oublier un simulateur de course très perfectionné. Ces trois musées, construits sur un territoire récemment réclamé par la Chine, ne sont pas très représentatifs du patrimoine de Macao.

En revanche, le Musée de Macao, dans les murs de la Fortaleza do Monte (XVIIe siècle), nous replonge quelque peu dans le passé. Grâce à ses œuvres d’art, son mobilier, ses textiles et ses objets de la vie quotidienne, il témoigne du triple héritage de Macao : poste avancé de la culture européenne, sanctuaire de la Chine traditionnelle ayant échappé au communisme et à la modernisation qui caractérise Hong Kong, et métissage de la population.

La vieille ville de Macao s’étend aux pieds de la forteresse et de ses canons. Des travaux de restauration récents ont modifié la physionomie du territoire, qui est devenu, de façon paradoxale, plus portugais que jamais. Dans la Rua Central, le Théâtre Dom Pedro V, petit bijou du XVIIIe siècle dans le style de la Fenice à Venise, a été rouvert pour des concerts. Toutes les rues bordant la place Leal Senado ont été repavées de mosaïques de pierre. L’église São Domingo a été restaurée et le cloître adjacent transformé en Musée de l’art chrétien.

Dans le vieux quartier près du cimetière protestant et du jardin Camões, se trouve la Casa Garden. Cette superbe demeure coloniale abritait autrefois l’East India Company. Elle accueille aujourd’hui la Fundaçao Oriente, créée par le magnat des salles de jeux Stanley Ho, et des expositions temporaires y sont régulièrement présentées. La fondation est engagée dans différentes actions philanthropiques.
En prévision de la future restitution de Macao à la Chine, elle achète au gouvernement des demeures historiques, notamment un ensemble de maisons situé en face du terrain de sports de Tap Seac, dont l’une héberge à présent le Centre d’art contemporain dirigé par Anabela Maia de Pablos, responsable des activités artistiques de la Fundaçao Oriente. Autrefois installé dans la Casa Garden, le Centre a présenté en juillet 1997 une exposition David Hammonds, Kara Walker, Gabriel Orozco et Douglas Gordon, des œuvres plutôt insolites pour un public asiatique. Ses nouveaux locaux ont été conçus par Philippe Starck et sa dernière exposition, dont Johnson Chang de la galerie Hanart TZ était co-commissaire, était consacrée à des vidéos d’artistes de Hong Kong, Taiwan et de la Chine continentale.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°94 du 3 décembre 1999, avec le titre suivant : Macao et la Chine, un état des lieux

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