Christie’s joue l’ouverture

Après Sotheby’s, l’auctioneer inaugure son immeuble parisien

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 17 décembre 1999 - 679 mots

Toute l’équipe de Christie’s rejoindra le 3 janvier son nouveau siège social de l’avenue Matignon. Ces locaux de 4 500 m2 comprennent deux salles de vente d’une capacité totale de 500 personnes et 300 m2 de surface d’exposition. Le navire, en état de marche, n’attend plus que l’autorisation légale pour vendre à Paris. Les premières vacations pourraient avoir lieu en septembre 2000.

PARIS - Il aura fallu plus de dix-huit mois de travaux pour donner vie au nouveau siège social de Christie’s, au 9 avenue Matignon, à mi-chemin des grands couturiers de l’avenue Montaigne et des antiquaires du Faubourg Saint-Honoré et de la place Beauvau, à quelques centaines de mètres des palaces du Triangle d’or et de leur clientèle fortunée : Crillon, Bristol et Plaza-Athénée. Christie’s prend place dans le saint des saints du marché de l’art parisien, près de deux ans après son grand rival Sotheby’s, installé depuis février 1998 dans la galerie Charpentier, face à l’Élysée. L’auctioneer occupe 4 500 m2 d’un immeuble bâti en 1913-1914 par l’architecte René Sergent, qui hébergeait jusqu’en 1998 la galerie Artcurial. Là, Hugues Joffre, président du directoire de Christie’s France, et son équipe disposent de locaux fonctionnels, articulés autour de deux salles de vente. La première, baptisée James Christie’s du nom du fondateur, est située en sous-sol. Lambrissée de chêne des marais, recouverte d’une moquette lie de vin qui se marie harmonieusement avec le velours de mohair gris recouvrant les murs, elle peut accueillir 400 personnes. La seconde, la salle Callot, du nom de la maison de couture qui a occupé les lieux jusqu’en 1934, a d’une capacité de 100 personnes.

L’espace permet d’offrir une grande qualité de services à la clientèle. Les cinq salons d’exposition en enfilade, d’une superficie totale de 300 m2, donnent sur l’avenue Matignon. Grâce à cet éclairage naturel, les clients peuvent voir les œuvres exposées dans un contexte proche de celui de leur appartement. Le hall d’entrée, luxueux et lumineux, ouvre sur un superbe escalier à double révolution conduisant aux salles d’exposition de l’étage. Au rez-de-chaussée, à gauche du hall, se trouvent quatre petits salons d’expertise. Un peu plus loin, derrière l’escalier monumental, les visiteurs débouchent sur un atrium de 80 m2 abritant la bibliothèque de consultation des catalogues.

Premières ventes en septembre 2000
La lumière naturelle zénithale pénètre par une grande verrière fixée à dix mètres du sol. “Le pari architectural se devait de répondre à la mise en place d’une organisation complexe où les flux du public, du personnel et des objets doivent savoir s’isoler ou se joindre au gré des heures et des fonctions”, explique l’architecte Éloi du Rivau, qui a dû complètement restructurer les locaux pour loger dans un même lieu l’ensemble des services et le personnel de Christie’s. Un autre atout du nouveau siège tient à son implantation le long des contre-allées de l’avenue Matignon, à proximité du parking des Champs-Elysées et à deux pas du métro, qui facilitent l’accès aux salles de vente et d’exposition.

Les premières ventes pourraient avoir lieu en septembre 2000, à moins qu’elles ne soient encore retardées par les amendements des députés au projet de loi réformant les ventes publiques. Adopté par le Sénat le 10 juin, le texte devait être examiné par la commission des Lois le 15 décembre, avant de passer devant l’Assemblée en séance plénière le 21 décembre. Un nouveau siège pour vendre quoi ? “Nous allons relocaliser à Paris les ventes qui se déroulaient à Monaco, indique Hugues Joffre, et disperser avenue Matignon des objets qui constituent l’apanage de la place parisienne, comme le mobilier français XVIIIe, les arts décoratifs du XVIIe au XIXe siècle – argenterie, porcelaine, tapis, sculpture –, l’Art déco et l’Art nouveau, le mobilier des années quarante et cinquante, les livres français, mais aussi les antiquités grecques, romaines et égyptiennes, l’art oriental et la Haute Époque.” Des ventes de photographies, de vins ou de dessins anciens semblent moins probables. “Qui trop embrasse mal étreint”, conclut Hugues Joffre, qui insiste sur la faiblesse de ses effectifs (80 personnes), comparés à ceux de New York (600) ou de Londres (650).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°95 du 17 décembre 1999, avec le titre suivant : Christie’s joue l’ouverture

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