Art tribal

Paris premier

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 4 juin 2008 - 696 mots

Sotheby’s disperse pour la première fois à Paris une collection américaine
d’art de Colombie-Britannique.

PARIS - Sotheby’s sort à nouveau le grand jeu dans l’une de ses spécialités phares dont elle a concentré l’activité des ventes à Paris : les arts premiers. Cette année, la maison de ventes ajoute une corde à son arc parisien avec la dispersion de la collection d’objets de Colombie-Britannique (province canadienne) et d’art eskimo du marchand américain Jgames Economos. Celle-ci vient compléter un catalogue bien fourni en pièces africaines et océaniennes de belle qualité. Au total, 185 lots sont attendus entre 6 et 9 millions d’euros.
« Le plus grand marchand américain d’art d’Amérique du Nord depuis cinquante ans a choisi Paris pour disperser sa collection majeure. C’est un signe très fort pour le marché français », souligne l’expert Marguerite de Sabran. Rares sont les objets d’Amérique du Nord à apparaître sur le marché. Le 5 octobre 2006, la collection américaine Dundas était partie au double de son estimation, pour 7 millions de dollars (5,57 millions d’euros), à New York chez Sotheby’s. En France, les surréalistes, qui ont été séduits par cet art lointain, l’ont fait connaître en Europe. On se souvient de l’engouement pour les objets de la collection André Breton dispersés en avril 2003 à Drouot et pour les masques eskimos de la collection Robert Lebel vendus en décembre 2006, à Drouot également. En proposant sa collection en France, James Economos a voulu mettre en évidence les liens que cet art entretient historiquement avec les surréalistes. Un texte de quatre pages signé par Marie Mauzé, directrice de recherche en anthropologie sociale au CNRS, en rappelle l’aventure.
En vedette, s’imposent un beau masque à transformation Kwakiutl de Colombie-Britannique, représentant un ours au museau effilé dont la mâchoire inférieure articulée s’ouvre pour révéler un visage humain, et un rare cimier Kwakiutl incarnant Kolus, rapace au long bec entrouvert dévoilant des dents en coquillage, estimés 200 000 euros au minimum chacun. Notons encore un masque-portrait Haïda de Colombie-Britannique incarnant une femme de haut rang au visage idéalisé, recouvert de motifs peints blasonnés, pièce issue de la collection De Mesnil et estimée 85 000 euros. Également, une marionnette Kwakiutl et une parure frontale Bella Coola de Colombie-Britannique, estimées respectivement 60 000 et 40 000 euros, provenant de l’ancienne collection Wolfgang Paalen, peintre et théoricien ayant rejoint André Breton et le cercle surréaliste en 1936.

Salière en ivoire
Parmi les joyaux de la vente d’art africain, trônent deux objets historiques de cour : une tête en bronze du XVIIIe siècle commémorant un roi du Royaume de Bénin (Nigeria), estimée 300 000 euros ; une salière en ivoire Sapi-portugaise de Sierra Leone, datant de la fin du XVe-début XVIe siècle, estimée 400 000 euros. « Soixante salières en ivoire de l’époque Renaissance sont répertoriées dans le monde – la plupart incomplètes ou fragmentaires –, presque toutes conservées dans des musées », indique Marguerite de Sabran. Au chapitre des chefs-d’œuvre de la sculpture océanienne, relevons une grande statue d’ancêtre Uli du nord de la Nouvelle-Irlande estimée 250 000 euros, provenant de la collection Adolf Hoffmeister et acquise par l’artiste praguois en 1937 à la galerie Gradiva, alors gérée par André Breton. Ou un exceptionnel bouchon de flûte du XIXe siècle de l’aire Biwat, cours moyen de la rivière Yuat en bas Sépik (Papouasie-Nouvelle-Guinée), estimé 400 000 euros.
Face à Sotheby’s, seule la maison Artcurial relève le défi. Son catalogue comprend la collection belge Alexis Van Opstal d’objets du Congo belge, constituée entre 1910 et 1930 et conservée intacte par la famille jusqu’à ce jour, incluant notamment une grande boîte anthropomorphe Zandé, estimée 80 000 euros.

IMPORTANT ART D’AFRIQUE ET OCÉANIE et ART ESKIMO ET DE COLOMBIE-BRITANNIQUE – COLLECTION JAMES ECONOMOS, ventes le 11 juin à 17 heures à la Galerie Charpentier, Sotheby’s, 76, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris, tél. 01 53 05 53 05 ; expositions publiques : les 6, 7, 9 et 10 juin 10h-18h, www.sothebys.com.

ART TRIBAL, vente le 10 juin à 19 heures à l’hôtel Dassault, Artcurial, 7, rond-point des Champs-Élysées, 75008 Paris, tél. 01 42 99 20 20 ; exposition publique : du 7 au 9 juin 11h-19h, le 10 juin 11h-14h, www.artcurial.com

Art africain et océanien
- Expert : Marguerite de Sabran et Patrick Caput
- Estimation : 4 à 6 millions d’euros
- Nombre de lots : 147

Collection Economos
- Expert : David Roche
- Estimation : 2 à 3 millions d’euros
- Nombre de lots : 38

ART TRIBAL
- Expert : Bernard de Grunne
- Estimation : 1,1 à 1,6 million d’euros
- Nombre de lots : 213

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°283 du 6 juin 2008, avec le titre suivant : Paris premier

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