La dernière Combine

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 21 mai 2008 - 482 mots

L’artiste américain Robert Rauschenberg, maître des « Combine paintings », s’est éteint à l’âge de 82 ans.

FLORIDE - Deux importants musées français lui avaient consacré de grandes expositions ces dernières années : le Musée d’art moderne et d’art contemporain (Mamac) à Nice en 2005 et le Centre Pompidou en 2006-2007, ce dernier se concentrant sur l’un des aspects majeurs de son art : les « Combine ». Fatigué, Robert Rauschenberg n’avait pu se rendre à Paris pour l’accrochage et le vernissage de cet hommage hexagonal. L’artiste est décédé le 12 mai sur l’île Captive, en Floride, où il vivait et travaillait. Il avait 82 ans.
Rauschenberg était déjà rentré depuis longtemps dans l’histoire de l’art, en devenant en 1964 le premier Américain à remporter le Grand Prix de la Biennale de Venise. Un coup de tonnerre pour la scène parisienne qui, à l’époque, adoubait New York en tant que centre mondial des arts. Ce prix, Rauschenberg le devait entre autres au militantisme de son galeriste Leo Castelli, auquel il avait présenté quelques années auparavant son voisin d’atelier Jasper Johns.
Né au Texas en 1925, le jeune Rauschenberg étudie dans les années 1948-1949 au Black Mountain College, en Caroline du Nord, auprès du peintre Josef Albers. Il y rencontre notamment John Cage, mais aussi le chorégraphe Merce Cunningham pour lequel il créera décors et costumes. Son art, d’abord centré autour de la peinture, s’étend au début des années 1950 au collage. Poussant plus avant cette pratique, il commence à incorporer à ses œuvres toutes sortes de matières et d’objets, comme des chiffons, parapluies, cordes ou pneus, afin de former ce qu’il nomme des « Combine paintings ». « J’appelle mon travail des “combine”, c’est-à-dire des œuvres combinées, des “combinaisons”, déclare-t-il. Je veux ainsi éviter les catégories. Si j’avais appelé peintures ce que je fais, on m’aurait dit que c’était des sculptures, et si j’avais appelé cela des sculptures, on m’aurait dit qu’il s’agissait de bas-reliefs ou de peintures ».
Dans les années 1960, l’artiste s’inspire abondement de l’actualité américaine en réalisant sur ses toiles des impressions sérigraphiques d’images, à l’exemple du président Kennedy. Attentif à l’histoire de l’art, il cite régulièrement les grands maîtres du passé. De 1984 à 1991, il lance le projet « ROCI » (Rauschenberg Overseas Cultural Interchange), qui voyagea à travers le monde pour développer le dialogue entre les cultures.
Multipliant à la fin de la vie les actions philanthropiques, Robert Rauschenberg déclarait : « Je ne fais ni de l’Art pour l’Art, ni de l’Art contre l’Art. Je suis pour l’Art, mais pour l’art qui n’a rien à voir avec l’Art. L’art a tout à voir avec la vie. » Une belle profession de foi.

Robert Rauschenberg en dates

22 octobre 1925 : Né à Port Arthur (Texas)
1953 : Premiers « Combine paintings »
1964 : Grand Prix de la Biennale de Venise
12 mai 2008 : Mort en Floride.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°282 du 23 mai 2008, avec le titre suivant : La dernière Combine

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