Sommeil trompeur

Roni Horn et \"l’autre sommeil\" à l’Arc

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 7 janvier 2000 - 410 mots

Rêve et réalité, visions sublimées et fantasmées nous accompagnent cet hiver à l’Arc/Musée d’art moderne de la Ville de Paris. Une belle unité réflexive et sensorielle réunit en effet les huit artistes de « L’Autre sommeil » et Roni Horn, dont dix pièces sont en même temps exposées à Bordeaux.

PARIS - Alors que la scène française semble se réveiller, l’Arc/ Musée d’art moderne de la Ville de Paris nous propose une exposition de groupe titrée “L’autre sommeil”, manifestation qui rassemble huit créateurs internationaux. En fait de sommeil, il est ici au minimum paradoxal, puisque les œuvres évoquent largement le rêve ou un état d’agréable somnolence, quand elles n’épousent pas les douces incohérences de nos visions nocturnes. Dès l’entrée, les grandes formes blanches et les vidéos du Suisse Ugo Rondinone nous plongent dans une ambiance douceâtre propice à l’abandon. Les films d’animation d’Anne-Marie Schneider convoquent d’étranges rencontres et autres mutations, tandis que les photographies d’Annika von Hausswolff ou Anna Gaskell jouent sur leurs cadrages décalés. Outre Koo Jeong-a et Paola Pivi, les Néerlandais Jeroen de Rijke et Willem de Rooij nous proposent dans leur projection un entre-deux religieux et culturel. L’immobilité du film nous conduit même, au sens propre, jusqu’à cet autre sommeil dont parle Angeline Scherf, commissaire de l’exposition, dans le catalogue qui l’accompagne.

À côté, Roni Horn nous offre une autre forme de poétique. Fascinée par l’eau, un élément omniprésent dans son travail, l’Américaine nous dévoile une nouvelle série de compositions, les Still Waters (The River Thames, For Example) inspirées par la surface changeante de la Tamise. Cet ensemble, présenté à la fois à l’Arc à Paris et au CAPC à Bordeaux, est accompagné d’écrits, des notes de bas de page qui placent cette œuvre à la fois dans un champ plastique et littéraire. L’exposition parisienne comprend également l’une des pièces phares et évolutives de l’artiste, familière de l’Islande, de sa topographie, de sa géologie et de son climat… Pi, une frise de quarante-cinq photographies, nous conduit près du cercle Arctique, un ensemble haut accroché qui nous entraîne dans son rythme propre.

- L’AUTRE SOMMEIL. RONI HORN, EVENTS OF RELATION, jusqu’au 23 janvier, Arc/Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 11 avenue du Président-Wilson, 75116 Paris, tél. 01 53 67 40 00, tlj sauf lundi 10h-17h30, samedi et dimanche 10h-18h30.
- RONI HORN, jusqu’au 16 janvier, capcMusée d’art contemporain, L’Entrepôt, 7 rue Ferrère, 33000 Bordeaux, tél. 05 56 00 81 50, tlj sauf lundi 11h-18h, mercredi 11h-20h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°96 du 7 janvier 2000, avec le titre suivant : Sommeil trompeur

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