Sous le signe du Bernin

Giovan Battista Gaulli, un maître du baroque

Le Journal des Arts

Le 7 janvier 2000 - 496 mots

Si le décor de la voûte du Gesù, à Rome, reste le chef-d’œuvre incontestable de Giovan Battista Gaulli, dit il Baciccio (1629-1709), il a peut-être éclipsé le reste de sa production. L’exposition consacrée à ce maître incontesté de la peinture baroque, à Ariccia, vient opportunément en révéler la richesse.

ARICCIA (de notre correspondante) - Dans les salles récemment restaurées du Palais Chigi, cette exposition fait le point sur l’avancée des recherches concernant l’un des plus principaux protagonistes du baroque romain. Auteur de la voûte de l’église du Gesù (1672-1685), à Rome, Giovan Battista Gaulli, dit il Baciccio, prolonge les expériences cortonesques et met au point un schéma décoratif imité par la suite dans toute l’Europe. Cependant, à part une petite exposition, il y a trente-trois ans, dans l’Ohio, son œuvre a été peu montrée au grand public, et la seule monographie existante, publiée en 1964, est depuis longtemps épuisée.

Originaire de Gênes, Gaulli a évidemment retenu la leçon des portraits de Van Dyck et assimilé le colorisme à la Strozzi. Sur cette culture figurative se sont greffées les influences de la peinture bolonaise, en particulier celle de Guido Reni, d’où il tient son goût pour la matière compacte, sa prédilection pour la grande forme et l’importance du dessin dans la construction de l’image. Toutefois, son amitié avec le Bernin a définitivement orienté sa carrière et déterminé l’affirmation d’un style personnel. Rassemblant 75 huiles et 40 dessins, l’exposition fait toute la lumière sur les rapports et les apports réciproques entre les deux artistes, notamment dans la voûte du Gesù, fruit de leur collaboration. Gaulli doit ainsi à l’auteur de La Transverbération de sainte Thérèse l’ambition de réaliser une synthèse des arts dans une mise en scène grandiose au service de la foi catholique. Les sept sections sont organisées selon un parcours chronologique. Il débute par les portraits, dont deux autoportraits et un portrait du Bernin à la cour pontificale, dans lesquels Baciccio adhère pleinement au “dynamisme” de l’art du portrait berninesque. Ensuite, les esquisses et modèles, prêtés par différents musées européens, montrent avec quelle attention il préparait ses grands cycles décoratifs : outre le Gesù, la série de figures féminines sur les pendentifs de la coupole de Sainte-Agnès (1666-1672), à Agone. Après les treize panneaux d’autel, dont celui pour San Teodoro récemment retrouvé au Palais Doria Pamphili, viennent les tableaux de chevalet, très demandés dans toute l’Europe. Les deux dernières sections sont consacrées aux livres et aux gravures, ainsi qu’aux dessins provenant des collections du Kunstmuseum de Düsseldorf. Cette exposition clôt la décennie de restaurations réalisées au Palais Chigi depuis son acquisition par la municipalité d’Ariccia. Le premier étage (il piano nobile) abrite désormais la collection permanente, riche d’œuvres du Cavalier d’Arpin, de Salvator Rosa, Carlo Maratta, Baciccio..., tandis que le second est réservé aux donations et aux expositions temporaires.

- GIOVAN BATTISTA GAULLI, DIT IL BACICCIO, jusqu’au 12 mars, Palais Chigi, 14 Piazza della Repubblica, Ariccia, tél. 39 06 933 00 53, tlj sauf lundi 10h-19h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°96 du 7 janvier 2000, avec le titre suivant : Sous le signe du Bernin

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