Les faïences du docteur

Céramiques ottomanes à Drouot le 28 février

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 4 février 2000 - 447 mots

Soixante-douze ans après la dispersion d’un ensemble de faïences françaises ayant appartenu au docteur Chompret (1898-1956), Drouot a de nouveau rendez-vous avec ce grand collectionneur passionné. Une cinquantaine de pièces de sa collection de céramiques ottomanes, Iznik et Kutahya, seront mises en vente le 28 février par l’étude Pescheteau-Badin, Godeau, Leroy, avec le concours du cabinet Soustiel-David et de Jean-Gabriel Peyre.

PARIS - La céramique fut une des passions du docteur Chompret, qui anima la Société des amis du Musée national de la céramique à Sèvres et auquel on doit le Répertoire de la Faïence française (1934) et les Faïences primitives dans les pharmacies d’hôpitaux (1943). À partir de 1943, il élargit son champ d’intérêt aux majoliques italiennes, mais aussi aux céramiques orientales qui composent l’essentiel de cette vente. Le grand plat Iznik au bouquet, dit de Damas (1550-1555) est une des pièces phares de cet ensemble. En céramique siliceuse, orné d’une composition florale de tulipes et d’églantines épanouies, il se distingue par sa gamme chromatique particulière faite de violet de manganèse (aubergine), de vert tilleul associé au bleu de cobalt et turquoise (400-500 000 francs). “Ce plat présentant un décor floral naturaliste est très rare, souligne Marie-Christine David. Seules deux pièces équivalentes sont passées aux enchères ces dernières années.” La céramique d’Iznik, contrairement à la production des potiers européens, utilise peu l’argile et incorpore surtout de la silice, obtenue à partir de galets broyés.

Lèvres de Bouddha
Un autre plat Iznik (vers 1585), à bord chantourné en céramique siliceuse, offre un décor peint de lèvres de Bouddha disposées en chevrons et des motifs çintamani associant trois sequins disposés en triangle (200-250 000 francs). Quelques plats semblables sont conservés dans des musées, notamment au Musée Calouste Gulbenkian, à Lisbonne, au Metropolitan Museum of Art, à New York, et au Victoria & Albert Museum, à Londres. Le pichet bardak présente, lui, une panse globulaire et un col cylindrique caractéristiques des premières productions d’Iznik (180-200 000 francs). “Ce pichet appartient au groupe dit “potters style”, caractérisé par un décor abondant de fleurs de petites dimensions et la présence de tulipes stylisées”, poursuit l’expert. Cette pièce est à rapprocher d’un pichet conservé au British Museum, à Londres. “La valeur de cet ensemble tient à la qualité des pièces et à l’homogénéité de la collection”, insiste Jean-Gabriel Peyre. Elle comprend également une dizaine de pièces Kutahya de la première moitié du XVIIIe siècle, dont un bol en céramique siliceuse à décor peint en polychromie orné de quatre médaillons (10-15 000 francs), un autre orné de cinq médaillons quadrillés en léger relief, coupés d’une branche fleurie (10-12 000 francs), et un vase en céramique siliceuse à décor de médaillons floraux (20-30 000 francs).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°98 du 4 février 2000, avec le titre suivant : Les faïences du docteur

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