Raoul Dufy cubiste

Fanny Guillon-Laffaille dévoile des œuvres peu connues

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 4 février 2000 - 519 mots

Fanny Guillon-Laffaille, spécialiste de Raoul Dufy, auteur du catalogue raisonné des dessins et de celui des aquarelles, gouaches et pastels, nous invite, jusqu’au 11 mars, à un petit voyage dans l’œuvre du peintre à travers une sélection de 35 huiles, dessins et aquarelles. Les traditionnels champs de courses aux aplats de couleurs vives voisinent avec des paysages cubistes ou fauves, moins prisés des collectionneurs.

PARIS - À l’étage de la galerie, on pénètre dans la première salle en territoire connu, avec Cheval à Deauville (1935), une huile dans laquelle monture et cavalier se détachent sur le fond vert tendre de la pelouse (environ 500 000 francs). Le style de Dufy est reconnaissable de loin : le graphisme est net, les couleurs vives. La Méditerranée, ses ciels bleus et ses palmiers est un autre sujet cher à Dufy, comme en témoigne Le Casino de Nice (1927), où deux élégantes se promènent dissimulées sous leur ombrelle et croisent un fiacre. Les plages de couleurs pures sont juxtaposées, le trait autonome par rapport à la couleur, le dessin baroquisant ponctué d’arabesques.

“Les scènes de courses, les régates et les fleurs sont les sujets les plus prisés de mes clients”, remarque Fanny Guillon-Laffaille. La cote des tableaux de courses croît proportionnellement au nombre de chevaux représentés. La plupart des amateurs veulent acquérir des œuvres que l’on puisse identifier au premier coup d’œil. Ils négligent en revanche les toiles cubistes ou fauves”. Dans une charmante huile de 1906, Le Boulevard de Rochechouart, éloignée de la violence des toiles fauves d’un Vlaminck ou d’un Derain (1,2 million de francs), chaussée et immeubles sont baignés d’un jaune moutarde. Les œuvres cubistes, comme Paysage de Sainte-Adresse (1909, 120 000 francs), semblent tout autant dérouter les inconditionnels du peintre de La Fée électricité. À noter aussi quelques dessins proposés entre 4 000 et 75 000 francs, le prix d’une encre représentant une scène de courses. Un gracieux Nu couché au crayon sur papier est à 50 000 francs, comme une vue du port de Deauville. Les aquarelles sont plus onéreuses : ainsi, un Projet pour la piscine du paquebot Normandie (1934) est à 600 000 francs.

La valeur d’une œuvre de Dufy est fonction du sujet et des couleurs utilisées. Une aquarelle pâle vaudra deux à trois fois moins cher qu’une autre très colorée. La cote du peintre a beaucoup souffert de la crise du début des années quatre-vingt-dix. “Une toile achetée 2 millions de francs en 1989 ne valait plus que 500 000 francs en 1992”, souligne la galeriste. Mais les prix enregistrent une véritable flambée depuis un an : une aquarelle adjugée 500 000 francs dans une vente en province à s’est revendue l’équivalent de 800 000 francs quelques mois plus tard à Londres, chez Christie’s. “Notre activité souffre de la concurrence des grandes maisons de vente. Nous pouvons nous distinguer d’elles en présentant des œuvres que les collectionneurs ont peu l’habitude de voir”, conclut Fanny Guillon-Laffaille.

- RAOUL DUFY, jusqu’au 11 mars, galerie Fanny Guillon-Laffaille, 4 avenue de Messine, 75008 Paris, tél. 01 45 63 52 00, tlj sauf dimanche 11h-12h30 et 14h30-18h, samedi 14h30-18h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°98 du 4 février 2000, avec le titre suivant : Raoul Dufy cubiste

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