Du prince au paysan

L’art du XVe siècle envisagé dans toutes ses dimensions

Le Journal des Arts

Le 4 février 2000 - 508 mots

Embrasser en un seul volume tous les aspects de la production plastique du XVe siècle, de l’art des puissants à celui des humbles, tout en vivifiant l’histoire de l’art par l’apport d’autres disciplines, comme l’archéologie ou l’histoire sociale, telle est l’ambition d’Art & société en France au XVe siècle. En outre, cette somme, qui ménage une large place aux recherches récentes, est accessible à tout lecteur, même non spécialiste.

Si la Guerre de Cent ans, après son cortège d’horreurs, s’achève enfin en 1453, la reprise en main du royaume et le retour de la croissance économique et démographique avaient précédé d’une vingtaine d’années cette conclusion tardive. La France se transforme alors en un immense chantier : de nombreuses cathédrales laissées inachevées aux siècles précédents sont terminées, tandis que l’ensemble du territoire se couvre de nouvelles églises paroissiales, bâties dans un style dit aujourd’hui flamboyant. À l’instar de l’architecture religieuse, civile et militaire, le XVe siècle, par l’ampleur des vestiges qu’il nous a légués, modèle fortement notre image du Moyen Âge. À ce titre, elle ne saurait plus être considérée comme l’expression dégénérée d’un art médiéval dont le XIIIe siècle constituerait l’apogée classique. La richesse de cet héritage invite également à en considérer tous les aspects, savants et populaires, afin de mieux dessiner les contours d’un siècle contrasté. Pour ce faire, universitaires de diverses spécialités, conservateurs et archéologues ont apporté leur contribution à ce volumineux ouvrage, affirmant la vocation totalisante de l’histoire de l’art, régénérée par l’apport d’autres disciplines, comme l’archéologie, l’histoire économique et sociale, celle des mentalités et des comportements, ou encore des techniques. Grâce à cet utile décloisonnement, Art & société en France au XVe siècle offre à un lecteur curieux, et pas nécessairement au spécialiste, une source d’informations considérable, se référant constamment aux recherches récentes, à leurs avancées aussi bien qu’à leurs insuffisances. En rappelant les champs encore vierges ou mal connus de la connaissance historique, les auteurs se préservent de toute généralisation. Ils s’efforcent également de lutter contre quelques idées reçues, en insistant par exemple sur l’imagination et les qualités stéréotomiques de l’architecture flamboyante. Un certain nombre d’articles sont par ailleurs suivis d’un “coup de projecteur” sur un point particulier. Ainsi, le chapitre sur l’architecture militaire se prolonge par une note sur les églises fortifiées.

En ne se cantonnant pas aux arts destinés aux classes dirigeantes de la société, mais en envisageant dans un même ensemble les expressions populaires de la production plastique, cette synthèse participe d’une démarche comparable à celle du Musée national du Moyen Âge, dans lequel a été ouverte récemment une salle consacrée à la vie quotidienne, qui présente notamment des ex-voto et des enseignes de pèlerinage. Ces deux types d’objets viennent dans le livre illustrer les rapports de l’art avec la religion populaire. Au final, derrière la splendeur ou la banalité des formes et des usages, apparaît une image riche et complexe des hommes du XVe siècle.

- Sous la direction de Christiane Prigent, Art & société en France au XVe siècle, Maisonneuve & Larose, 846 p., 450 F. ISBN 2-7068-1399-7.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°98 du 4 février 2000, avec le titre suivant : Du prince au paysan

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