Grand bond en avant

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 26 mars 2008 - 652 mots

Le Pavillon des Tuileries, organisé du 2 au 6 avril, se déleste définitivement de l’art ancien pour se concentrer sur le XXe siècle
- Un important pas est franchi.

Bien que dépoussiéré, le visuel du Pavillon des Arts et du design garde un côté suranné, genre Petit prince perché sur une planète. Et pourtant ce salon tourne résolument le dos au classicisme, mieux au généralisme, pour assumer de manière décomplexée sa spécificité : le XXe siècle. Exit donc certaines spécialités comme les tableaux et les dessins anciens, incarnés autrefois par les Parisiens Claude Vittet et Alexis Bordes. Congédiées aussi les galeries qui faisaient tache l’an dernier, tout comme celles enclines à de la déco bourgeoise ou à de la resucée. « Depuis deux ans, on allait vers le XXe siècle, mais on freinait en même temps, indique Patrick Perrin, organisateur du salon. C’était d’ailleurs les gens du XXe siècle qui résistaient. Mais cette année, nous avons perdu le côté vague, cotonneux. » Le marchand Marc-Antoine Patissier (Paris) l’admet : « Toutes les spécialités n’étaient pas au même niveau, il y avait des positions plates. Aujourd’hui, d’autres spécialités sont arrivées à maturité. » À commencer par la sienne, le mobilier italien d’architecte. L’Italie joue, d’ailleurs, la guest star avec l’escarcelle futuriste et Novecento de Massimo Cirulli (Bologne), les luminaires d’Ico Parisi chez Jean-Pierre Orinel (Paris) ou le face-à-face Boetti-Fontana prévu par Vedovi (Bruxelles).
Le recentrage définitif du Pavillon sur le XXe a conduit les galeries à bouger aussi leurs curseurs.
D-Room (Paris) troque son image Art Nouveau pour les fifties et seventies, avec notamment un paravent de Paul-Étienne Saïn et une étonnante structure lumineuse de René Carcan. « Les acheteurs de l’Art Nouveau ont entre 50 et 80 ans. Ils effectuent des achats ponctuels pour compléter une collection au coup de cœur, explique Carlos Moïta, codirecteur de la galerie. On n’a pas vraiment de demandes en France pour cela. À la galerie, depuis qu’on a retiré l’Art Nouveau, notre clientèle a rajeuni de vingt ans. » En revanche, Frank Laigneau (Paris) ne déroge pas à sa spécialité en proposant une table d’architecte de Lars Israel Wahlman (1909), associée aux peintures symbolistes de Pelle Swedlund. Un symbolisme qui trouve un écho plus pompier dans un tableau d’Emil Beurmann représentant une élégante entourée de crânes dans les Catacombes chez Marie Watteau (Paris).
Côté beaux-arts, le Pavillon a rallié la galerie Zlotowski (Paris), déçue de sa participation l’an dernier à Art Paris. JGM (Paris) a choisi, lui, de se dédoubler en participant aux deux manifestations concomitantes. Aux Tuileries, il se concentre sur l’aspect décoratif de sa programmation avec les Lalanne et sa nouvelle recrue, la designer Maria Pergay.L’un des mérites de la foire est de ne pas choisir ses troupes sur leur puissance financière. Cette politique d’ouverture vers les jeunes marchands se traduit, cette année, par l’arrivée de Carpenter’s Workshop (Londres), intronisée sur DesignArt London, et de la Galerie Parisienne (Paris). Autre recrue, Arcanes (Paris) présente deux céramistes Jean Girel et Valérie Hermans, non sur des socles, mais sur des meubles des années 1930 et 1970. Brillamment défendus par Pierre-Marie Giraud, les arts du feu sont aussi au menu d’Hélène Porée (Paris), avec les colonnes de grès noir de Quinette Meister et le constructivisme dépouillé d’Enrique Mestre.
Le salon est d’autant plus attendu par ses participants que l’activité dans le Carré Rive Gauche semble en berne. « C’est vide, il y a un déficit de clientèle depuis décembre », soupire Jean-Pierre Orinel. « On a vu un démarrage en douceur en janvier-février, confirme Aline Chastel, codirectrice de la galerie Chastel-Maréchal (Paris). On peut imaginer un resserrement du marché dans les mois qui viennent. À nous d’acheter juste. » Aux collectionneurs aussi.

PAVILLON DES ARTS ET DU DESIGN

- Direction : Société d’organisation culturelle (SOC)
- Nombre d’exposants : 85
- Nombre de visiteurs en 2007 : 33 000
- Tarif des stands : 550 euros le m2

- PAVILLON DES ARTS ET DU DESIGN, 2-6 avril, Jardin des Tuileries, Esplanade des Feuillants, 75001 Paris, www.pad-paris.com, les 2, 5 et 6 11h-20h, les 3 et 4 11h-22h

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°278 du 28 mars 2008, avec le titre suivant : Grand bond en avant

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