Le printemps des maîtres anciens

Plusieurs ventes de tableaux à Paris fin mars

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 3 mars 2000 - 747 mots

Deux mois après les grandes ventes de maîtres anciens à New York qui ont obtenu de très bons résultats, chez Sotheby’s (49,4 millions de dollars, 325 millions de francs) comme chez Christie’s (39,2 millions de dollars, le produit le plus élevé de l’auctioneer depuis 1989), c’est au tour des commissaires-priseurs parisiens d’avancer leurs pions en présentant quelques toiles importantes dans des ventes classiques ou spécialisées. En vedette, une suite de six huiles par Hendrick van Balen et Jan Bruegel le Jeune représentant des scènes de l’Ancien Testament, une vue de Venise par Canaletto et Cimaroli, et une nature morte de Pierre Dupuis. Rendez-vous le 23 mars à l’Espace Tajan, les 24 (Millon-Robert), 27 (Piasa et Rieunier, Bailly-Pommery) et 31 (Laurin, Guilloux, Buffetaud) à Drouot Richelieu.

PARIS - C’est l’une des compositions les plus célèbres de la dynastie Bruegel. Le prototype de cette Adoration des Mages avec effet de neige exécutée par Pieter Bruegel le Jeune, dit d’Enfer, en 1567, figure aujourd’hui dans la collection Rheinart, à Winterthur. Le sujet fut repris de nombreuses fois par Pieter le Jeune, notamment dans le tableau qui sera mis en vente le 24 mars par l’étude Millon-Robert (1,5-1,8 million de francs). Des tableaux flamands seront également en vedette dans la vente Piasa du 27 mars, telles les Allégorie du printemps et Allégorie de l’été par Louis de Caullery (1555-1622), une paire de panneaux de chêne (800 000-1 million de francs). Élève de Joos de Momper en 1593-1594, Louis de Caullery devient maître à la Guilde de Saint-Luc d’Anvers en 1602-1603. Cette Allégorie du printemps, comme nombre de ses œuvres agrémentées d’architectures très italianisantes, montre un bâtiment classique qui rappelle la Villa Médicis. Le 27 mars, l’étude Rieunier, Bailly-Pommery proposera dans une vente classique quelques tableaux anciens, dont une Vue d’un village par Philippe de Momper qui fut longtemps attribuée à son père, Joos de Momper (400-600 000 francs). Cette toile, qui appartient à une série de tableaux connus sous le nom de “groupe de Trévise” est à rapprocher d’une huile exposée à la galerie Palamar à Vienne, en 1975.

Dans une vente dirigée par l’étude Laurin, Guilloux, Buffetaud, le 31 mars, René Millet présentera le Triomphe de Neptune et d’Amphitrite, une œuvre de Frans Francken le Jeune (1581-1642) symbolisant la prospérité de la ville d’Anvers (400-600 000 francs). On connaît plusieurs versions de cette scène mythologique, dont une est conservée au Musée Brukenthal de Sibiu, en Roumanie. Plusieurs tableaux flamands seront mis en vente à l’Espace Tajan, le 23 mars, dont une suite de six huiles représentant des scènes de l’Ancien Testament (Adam et Ève au jardin, la Création d’Adam et Ève, la Construction de l’arche de Noé...), exécutées par Hendrick van Balen avec la collaboration de Jan Bruegel le Jeune et de son atelier (2-3 millions de francs). On remarquera également une Nature morte au bouquet de fleurs dans un vase de Jan Frans van Dael (1764-1840) qui fut l’élève de Gérard van Spaendonck (1-1,5 million de francs). Il fait partie des chefs de file de la communauté flamande et hollandaise de peintres de fleurs installés à Paris à la fin du XVIIIe siècle qui vont renouveler le genre : les œuvres deviennent plus décoratives, le traitement réaliste et minutieux.

Canaletto et Guardi
Plusieurs œuvres de l’école italienne compléteront cet ensemble, dont une Vue de la Piazzetta vers le bassin de Saint-Marc par Canaletto et Cimaroli (4-6 millions de francs). La place est bordée sur la gauche par la façade ouest de la basilique Saint-Marc et le Palais ducal. Deux autres toiles connues, le Tombeau allégorique de l’archevêque Tillotson et le Tombeau de Lord Somers, commandées par le marchand britannique Owen McSwinney et aujourd’hui dans des collections particulières du Royaume-Uni, sont le fruit de la collaboration des deux peintres.

Les amateurs de vues de Venise se verront également proposer une Vue de l’église S.S. Giovanni e Paolo par Francesco Guardi (800 000-1 million de francs), qui est à rapprocher d’une Vue de la Salute et du Grand Canal à la Ca’ Pesaro conservée à la National Gallery, à Londres.

Les écoles françaises seront présentes dans chacune de ces ventes. Une Nature morte aux choux, artichauts et abricots sur un entablement de Pierre Dupuis (3 millions de francs) sera mise aux enchères le 31 mars par l’étude Laurin, Guilloux, Buffetaud. Et, le 27 mars, l’étude Piasa présentera un Portrait du peintre Antoine Vestier par François-André Vincent (200-300 000 francs) et un Portrait du peintre Joseph-Marie Vien par Adélaïde Labille-Guiard (100-150 000 francs).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°100 du 3 mars 2000, avec le titre suivant : Le printemps des maîtres anciens

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