Multimédia

Milia 2000 : le contenu des réseaux

Par Jean-Marie Schmitt · Le Journal des Arts

Le 3 mars 2000 - 638 mots

La dernière édition du Milia, qui s’est tenue du 14 au 18 février, a célébré le prochain avènement des réseaux à large bande, capables sous peu de véhiculer la télévision interactive. Les problèmes techniques étant supposés résolus, la question revient au contenu. Catherine Trautmann a présenté diverses mesures.

CANNES - La “nouvelle économie“, mise en place depuis l’année dernière avec le boom du Nasdaq et des “start up”, n’a guère laissé de temps à la maturation des contenus. Après les sites portails ou les moteurs de recherche dont l’énorme valorisation boursière se calcule au nombre de visiteurs espérés sans savoir encore ce qu’on pourra leur vendre, les jeux focalisent l’attention, et l’on suppute que c’est bientôt par centaines de milliers que les internautes se connecteront sur des parties planétaires.

Dans cette optique spéculative, la culture et l’éducation font figure de gagne-petit. Mais leur cheminement plus lent les mettront sans doute à l’abri des excès spéculatifs. Catherine Trautmann a présenté diverses mesures pour assurer le développement des contenus culturels destinés aux réseaux. Le Fonds d’aide à la création multimédia, associant les ministères de la Culture et de l’Industrie, sera réorienté en faveur des contenus en ligne et doté de 50 millions de francs ; les aides pourront financer des maquettes pour de jeunes entreprises (la logique “start up”). Les interventions directes du ministère sont mises à l’heure numérique : commandes publiques et aide à la diffusion de la Délégation aux arts plastiques ; acquisitions du Fonds régional d’art contemporain ; aide à l’écriture multimédia de la Direction de la musique, de la danse, du théâtre et du spectacle ; poursuite et élargissement de la numérisation et de la mise en ligne du patrimoine – actuellement au rythme de 10 000 images par mois – mais également d’archives sonores, les mises en ligne se faisant sur les bases de données du ministère en cohérence avec des projets localisés (Clairvaux, Carcassonne, Guimet...) ou sur de grands serveurs : Gallica 2000, de la Bibliothèque nationale de France, offre actuellement 35 000 volumes en accès gratuit et 12 millions de pages de textes, dictionnaires, iconographie, estampes et photographies, du Moyen Âge au début du XXe siècle. Et la prochaine ouverture du site de la Direction des Musées de France mettra en ligne, après le Louvre et Orsay, les musées nationaux.

Mais le plus remarquable, dans les différentes mesures annoncées par la ministre de la Culture, est sans doute la logique d’intervention indirecte pour susciter la création d’entreprises. Ainsi le Centre national du Cinéma, outre la gestion du Fonds d’aide à l’édition et à la création multimédia, “mettra en œuvre un ensemble de services au profit du réseau des organismes spécialisés dans l’amorçage et la création d’entreprises multimédia : veille juridique et économique, information sur les aides publiques nationales et européennes, expertises...” et l’Institut de financement du cinéma et des industries culturelles (IFCIC) gérera un fonds de garantie spécifique. Le Programme pour la recherche et l’innovation dans l’Audiovisuel et le Multimédia (PRIAMM), développé avec le secrétariat d’État à l’Industrie, cherche à favoriser les partenariats public-privé. Pour l’année 2000, les thèmes privilégiés par l’appel à projets sont la numérisation de la chaîne cinéma, l’animation et l’image de synthèse, l’édition électronique et les programmes interactifs, l’indexation des contenus et la gestion des flux audiovisuels, enfin la protection des droits d’auteur.

L’ensemble du programme du ministère est équilibré par des mesures visant à démocratiser l’utilisation des nouvelles technologies : les espaces “culture multimédia” pour sensibiliser et former les publics jeunes et moins jeunes et développer les pratiques artistiques amateurs ou professionnelles (écriture, graphisme, musique...), et un programme de formation dans les écoles d’art. Le ministère a également profité du Milia pour annoncer que ses serveurs tournaient sous Linux, le système d’exploitation libre dont on espère qu’il pourra conjuguer la nouvelle économie et la liberté créative des réseaux.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°100 du 3 mars 2000, avec le titre suivant : Milia 2000 : le contenu des réseaux

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