Fondation sur un sol meuble

Par Olivier Michelon · Le Journal des Arts

Le 3 mars 2000 - 381 mots

Administratrice judiciaire chargée de la succession d’Annette Giacometti, Me Hélène Da Camara a obtenu du Tribunal de Paris l’examen des comptes de l’association Giacometti et la garde des œuvres de l’artiste jusque-là conservées au siège de l’association.

PARIS - Épisode supplémentaire dans le pénible accouchement de la Fondation Giacometti, la décision du tribunal fait suite à une demande déposée en décembre 1999 (lire le JdA n° 95, 17 décembre 1999) par Me Hélène Da Camara, nommée en juillet 1999 à la demande de Roland Dumas, exécuteur testamentaire d’Annette Giacometti. L’administratrice s’opposait alors à l’Association Alberto et Annette Giacometti, dirigée par Mary Lisa Palmer et créée dans le but de mettre sur pied la fondation qu’avait appelée de ses vœux en 1989 la veuve du sculpteur, disparue en 1994. Mary Lisa Palmer note pour sa part que le tribunal n’a pas retenu les “accusations de blocage portées envers l’association” et a laissé à celle-ci les archives nécessaires à la rédaction d’un catalogue raisonné.

Depuis plus de dix ans, la création de la fondation est suspendue à des tensions entre Roland Dumas et l’association, et à l’action peu pressée de l’État, longtemps soupçonné de préférer une dation sur un héritage évalué à quelque 800 millions de francs à la mise en place d’une institution privée. La nomination par Catherine Trautmann du conseiller d’État Jacques Vistel à la tête d’une mission de préfiguration avait toutefois signifié une volonté du gouvernement d’accélérer la procédure. Confiant, ce dernier estime que “la création de la fondation dans l’année reste envisageable. L’action de Me Hélène Da Camara ne peut que faciliter les choses. L’inventaire complet de la succession va permettre de déterminer le périmètre exact des biens qui seront affectés à la future fondation. En outre, les plâtres originaux d’Alberto Giacometti, demeurés en indivision après sa mort, pourront être partagés”. Des contacts avec les autres ayants droit d’Alberto Giacometti (ses petits-neveux et son frère Bruno) ont en effet repris récemment. Consciente de l’impatience des héritiers, Mary Lisa Palmer souhaite toutefois que ce partage s’effectue une fois la fondation créée. Elle estime que seule cette fondation, en tant que légataire universelle d’Annette Giacometti, est à même de juger du partage des œuvres. “Nous sommes également très impatients de voir la fondation exister, car cela a vraiment trop duré”, conclut-elle.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°100 du 3 mars 2000, avec le titre suivant : Fondation sur un sol meuble

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