En route pour les étoiles

Panamarenko endosse tous ses rôles à Londres

Le Journal des Arts

Le 17 mars 2000 - 390 mots

À la Hayward Gallery, sous-marins, voitures, machines et soucoupes volantes sont au rendez-vous de la première grande monographie de Panamarenko en Angleterre.

LONDRES (de notre correspondante) - Généralement considéré comme un sculpteur, Panamarenko endosse aussi les rôles d’ingénieur, de physicien ou d’inventeur, bien qu’il préfère se définir comme un “artiste technologiste”. Né à Anvers en 1940, cet Icare des temps modernes a pris dans les années soixante le pseudonyme de Panamarenko, en référence à la compagnie aérienne Pan Am, avec le suffixe à consonance russe, “enko”, en guise de lien symbolique entre l’Est et l’Ouest. Construite en 1967, sa première machine volante n’est parvenue à se maintenir dans les airs que quelques secondes. Ce semi-échec n’a pas empêché pour autant l’artiste de multiplier les essais. Les visiteurs de la Hayward Gallery pourront s’émerveiller devant d’autres engins beaucoup plus spectaculaires : 82 œuvres sont exposées qui retracent les trente dernières années de sa production.

L’Aeromodeller, un vaisseau spatial en forme de gondole, occupe ainsi une salle entière, tandis que le sous-marin Panama, Spitsbergen, Nova Zemblya est installé dans une des cours extérieures surplombant la Tamise. La Hayward  accueille également des soucoupes volantes, des sacs à dos volants et plusieurs versions de Pepto-Bismo, un autoportrait en hélicoptère humain, dont les hélices sont montées sur les épaules. Mais ces machines fonctionnent-elles vraiment ? La pertinence d’une telle question est discutable. Pour le commissaire de l’exposition, John Thompson, elles sont conçues pour fonctionner, même si elles n’y parviennent pas souvent. “Son travail n’est jamais fini, toujours sujet à une révision”, note-t-il, ajoutant que la technique doit se conformer au projet esthétique de l’ensemble. Panamarenko allège ainsi sans cesse ses moteurs pour les adapter sur des structures fragiles.

Le spectateur pourra goûter l’humour et la beauté de ces machines et leur logique surréaliste, même si l’essai de Thompson dans le catalogue veut au contraire prouver le caractère scientifique des travaux de Panamarenko. Dans Toymodel of space, une vidéo réalisée en 1992, l’artiste explique les applications d’une version simplifiée de la théorie quantique, selon lui fort utile pour les voyages interstellaires. “Panamarenko dépasse les vérités perpétuellement validées par les institutions scientifiques”, assure John Thompson.

- “PANAMARENKO : HOVERING, FLOATING, FLYING AND LYING DOWN�?, jusqu’au 2 avril, Hayward Gallery, South Bank, Belvedere Road, Londres, tél. 44 20 7960 42 42, www.hayward-gallery.org, tlj 10h-17h, mardi et mercredi 10h-20h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°101 du 17 mars 2000, avec le titre suivant : En route pour les étoiles

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