Épées de Damoclès

Le Journal des Arts

Le 31 mars 2000 - 387 mots

The European Fine Art Foundation, organisatrice de Tefaf Maastricht, a commandé une étude à la société britannique Market Trading International, portant sur le poids du marché de l’art européen en l’an 2000 et sur son avenir. Celle-ci met en avant les risques que ferait courir au Vieux continent la généralisation du droit de suite et de la TVA à l’importation.

PARIS - Le marché de l’art européen regroupe 29 000 entreprises employant près de 75 000 personnes, qui ont réalisé en 1998 plus de 6,9 milliards d’euros de transactions (45,1 milliards de francs), soit un total supérieur à celui du marché américain (5,5 milliards d’euros) ; 52 % ont été faits au Royaume-Uni, 31 % en France. Les professions travaillant indirectement pour le marché de l’art, comme les restaurateurs, les sociétés d’assurances, les compagnies de transport, les studios de photographie et les organisateurs de foires et salons, ont, elles, perçu près de 850 millions d’euros.

La progression du marché européen entre 1994 et 1998 ( 26 %) a été nettement moins importante que celle qu’ont connue les États-Unis ( 81 %). En Europe, la palme de la plus forte croissance revient au Royaume-Uni (40 %), suivi de très loin par la France (5 %). Vient se greffer sur ce constat une prévision alarmiste pour le Vieux continent :  le rapport d’enquête prévoit que le poids du marché américain dépassera en 2001 celui de l’Europe, pour atteindre 1 milliard d’euros (6,6 milliards de francs) en 2002.

Deux autres gros nuages, qui ont pour nom TVA à l’importation et droit de suite, obscurcissent l’avenir du marché européen et menacent d’accélérer son déclin. Le rapport évalue en effet à 355 millions d’euros les pertes que subirait le marché européen si tous les objets d’une valeur supérieure à 50 000 euros, soumis au droit de suite, étaient détournés vers les États-Unis pour éviter de payer la taxe. L’impact de la généralisation de la TVA à l’importation pourrait être tout aussi dommageable pour l’Europe. En témoigne déjà le recul de 40 % des importations provenant de pays n’appartenant pas à l’Union européenne dont a souffert le Royaume-Uni depuis 1994, date de l’introduction outre-Manche d’une TVA à l’importation de 2,5 %. L’augmentation des importations d’art aux États-Unis n’a-t-elle pas été deux fois supérieure à celle des importations européennes entre 1994 et 1998 ?

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°102 du 31 mars 2000, avec le titre suivant : Épées de Damoclès

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