Les orientalistes gardent la cote

Trois ventes de tableaux et d’objets d’art à Paris

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 31 mars 2000 - 684 mots

Les tableaux orientalistes ont la cote. Profitant de cet engouement, deux études parisiennes – Tajan le 3 avril, Gros-Delettrez le 12 mai – proposeront chacune une belle sélection de dessins et des peintures, incluant notamment des œuvres de Jacques Majorelle, Étienne Dinet, Gustav Bauernfeind et Rudolf Ernst. Le 5 avril, Claude Boisgirard dirigera une vente d’arts d’Orient, avec des pièces d’archéologie pré-islamique, de la céramique et de l’argenterie ottomane.

PARIS - Cinq mois après la vente Tajan de tableaux orientalistes des 16 et 17 novembre, marquée par de fortes enchères – deux gouaches de Majorelle sont parties à 300 000 et 95 000 francs, une huile de Jean-Baptiste Hilaire à 550 000 francs – et par un produit total de 10 millions de francs, Lucien Arcache proposera aux enchères, le 3 avril, un important ensemble de tableaux, dessins et aquarelles orientalistes.

Ce marché, dopé par l’ouverture de nouveaux musées dans les pays du Golfe, au Qatar et à Bahrein notamment, et soutenu par une clientèle cosmopolite venue principalement du Liban, de Turquie et du Maghreb, est en nette progression. En tête, les toiles de Majorelle, parmi les plus demandées, qui se vendent entre 50 et 400 000 francs, et les œuvres de Fabio Fabby qui font de 30 à 400 000 francs. Certaines peintures d’Étienne Dinet dépassent le million de francs ; sa cote a beaucoup progressé, comme le montre la Sortie de l’école coranique vendue 300 000 francs à la fin des années quatre-vingt chez Boisgirard, puis adjugée 850 000 francs en décembre 1995 par la même étude.

Parmi les aquarelles et dessins proposés par l’étude Tajan le 3 avril, on remarquera une Fantasia d’Yves Brayer (80-100 000 francs), une gouache d’Étienne Dinet représentant un Portrait de jeunes femmes aux tatouages (20-30 000 francs) et Fauconniers à cheval, une technique mixte d’Henri Rousseau (90-120 000 francs). Près de cent tableaux seront mis en vente : paysages (vues du Nil, du Caire, ports de pêche), portraits, mais aussi scènes de genre (caravane se rendant à La Mecque, divertissement pour un prince d’Orient). Les plus cotés sont ceux qui comprennent des personnages, telle le Conteur musicien, une huile de Paul Cirou où un homme est entouré d’un public buvant ses paroles (60-80 000 francs). Une belle toile d’Émile Deckers représentant quatre jeunes femmes kabyles (100-120 000 francs) passera sous le feu des enchères avant un portrait d’un Jeune homme au foulard multicolore d’Étienne Dinet (15-20 000 francs).

Un mois plus tard, le 12 mai, l’étude Gros-Delettrez dispersera un autre bel ensemble de tableaux orientalistes. En vedette, un paysage de Jérusalem, Vue plongeante sur le dôme du Rocher de Gustav Bauernfeind (1,8-2 millions de francs). Excellent dessinateur d’architecture, l’artiste allemand s’est passionné pour les vues de Jérusalem, après avoir voyagé en Égypte, Syrie, Palestine et au Liban. L’Autrichien Rudolf Ernst, lui, s’est intéressé aux scènes de genre avant de se spécialiser dans les tableaux orientalistes ; son Messager (1885) une huile sur panneau, est estimé 400-500 000 francs.

Le plus beau Majorelle
Plus tardif, Dans la palmeraie, exécuté par Jacques Majorelle dans les années trente, montre une femme noire devant une étendue d’eau et la palmeraie de Marrakech (200 000 francs). “C’est le plus beau Majorelle qui me soit passé entre les mains depuis vingt ans”, insiste Henri Gros.

Les tableaux orientalistes représenteront la portion congrue de la vente d’arts d’Orient que dirigera Claude Boisgirard le 5 avril, assisté d’Annie et Corinne Kévorkian. Parmi ces œuvres, proposées entre 1 500 et 25 000 francs, figure la Porteuse d’eau, une huile de Frédéric Borgella (10-12 000 francs). Les pièces d’archéologie pré-islamique sont d’une toute autre importance : ainsi, une statuette de divinité en bronze datant du deuxième millénaire avant J.-C. (Babylone, époque des royaumes Amorites), est estimée 600-800 000 francs. Les arts de l’Islam seront présents à travers des céramiques (cinq carreaux épigraphiques Il-Khanides, fin du XIIIe-début du XIVe siècle, estimés chacun entre 1 500 et 25 000 francs), de l’argenterie et de l’orfèvrerie, dont un très beau bracelet iranien du XIIe siècle en or, serti de cabochons de turquoise ornés de masques de lions (140-180 000 francs).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°102 du 31 mars 2000, avec le titre suivant : Les orientalistes gardent la cote

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