« Big Torino » a lancé son numéro zéro

Arts plastiques, design, mode... cinq cents créateurs de moins de trente-cinq ans participent à cette première biennale

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 28 avril 2000 - 510 mots

La ville de Turin est pavoisée, depuis le 7 avril, aux couleurs du dragon bleu de « Big Torino 2000 », la première biennale des artistes émergents. Réunissant des créateurs de moins de trente-cinq ans, actifs dans des domaines aussi variés que les arts plastiques, le design, la danse, la littérature, la mode, la musique ou même la cuisine, la manifestation, forcément éclectique, se concentre sur la création européenne, tout en invitant cette année la Chine.

TURIN - Cinq cents créateurs, soixante-cinq spectacles de danse, de théâtre, de musique, 5 000 m2 consacrés aux expositions, douze interventions dans la ville : “Big Torino” a décidé de frapper un grand coup pour sa première édition, s’appuyant sur un budget de 5 milliards de lires (20 millions de francs), dont 1,5 milliard de mécénat. La manifestation fédère ainsi une douzaine de festivals de différentes disciplines gérés par une quinzaine de commissaires. Ce nombre peut d’ailleurs paraître un peu disproportionné, comme pour la section arts plastiques divisée entre “arts visuels” (Robert Fleck), “nouveaux médias” (Chantal Prod’Hom), et “photographie” (Denis Curti). Les œuvres sont cependant accrochées ensemble dans la Cavallerizza Reale, l’ancien site des écuries royales, en plein centre-ville, malgré les différences flagrantes de partis pris artistiques. La section “photographie” apparaît en effet bien faible, hésitant entre quelques travaux esthétisants en noir et blanc et une photographie plasticienne trop influencée par quelques grands noms. L’acoustique de ces vastes espaces du XVIIIe siècle n’est pas non plus parfaite, surtout quand les nombreuses installations vidéos se perturbent mutuellement. L’ensemble fait en tout cas la part belle aux artistes vivants en France, avec Valérie Mréjen, Saâdane Afif, Malachi et Seamus Farrell, Natacha Lesueur, Lilian Bourgeat, Mathieu Briand, Valérie Belin… La sélection des participants procède à la fois d’invitations directes des commissaires et de propositions d’environ cent vingt institutions-relais réparties en Europe.

“Big Torino” poursuit trois objectifs : promouvoir une nouvelle génération d’artistes, proposer un panorama des différentes disciplines artistiques et engager une relation entre la ville et l’art, la cité en tant que lieu d’accueil des œuvres”, nous a déclaré Luigi Ratclif, son directeur. La manifestation peut d’ailleurs être considérée comme un numéro zéro, puisque “Big” devrait à terme réunir des créateurs ayant bénéficié d’une résidence dans la ville. Les 15 000 m2, sur trois niveaux, d’un bâtiment industriel ayant appartenu à CEAT devraient bientôt accueillir une trentaine d’ateliers d’artistes. Cet engagement envers la jeune création n’est pas une nouveauté, puisque Turin a mené dans ce domaine une politique pionnière en Italie, et ce dès 1980. Elle a depuis fait des émules dans la Péninsule et la cité piémontaise est aujourd’hui à la tête d’un réseau ouvert sur l’Europe. “Big Torino” constitue en quelque sorte la concrétisation de ses liens au profit des jeunes créateurs, avec une ouverture cette année sur la Chine. Suivront les Caraïbes et l’Amérique centrale en 2002, et l’Afrique en 2004.

- BIG TORINO 2000, 1ÈRE BIENNALE DES ARTISTES ÉMERGENTS, jusqu’au 7 mai, Cavallerizza Reale, Via Verdi 9, Turin, tlj 10h-19h, dimanche 30 avril 10h-22h. Catalogue, 525 p., 70 000 lires (237 F).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°104 du 28 avril 2000, avec le titre suivant : « Big Torino » a lancé son numéro zéro

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