La mue de Phillips

Bernard Arnault accélère le développement de l’auctioneer

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 12 mai 2000 - 587 mots

Des ventes rivalisant avec celles de Christie’s et de Sotheby’s, de multiples recrutements, des déménagements programmés à New York et Paris : les événements s’accélèrent pour Phillips depuis le rachat de la société par Bernard Arnault, en novembre 1999. L’objectif du patron de LVMH ? Rattraper, dans les meilleurs délais, ses illustres concurrents.

PARIS - “Nous allons casser le duopole”. Dan Klein, numéro 3 de Phillips, responsable de la stratégie et du développement des ventes, n’y va pas par quatre chemins. Ses propos traduisent la volonté de Phillips de rejoindre sans tarder Christie’s et Sotheby’s sous les projecteurs et de perturber le pas de deux que mènent depuis des décennies les auctioneers. “Bernard Arnault est très pressé”, poursuit-il. En témoigne la qualité des tableaux impressionnistes et modernes – dont un exceptionnel Malevitch – qui ont été proposés  les 11 et 12 mai à New York, pour la première grande vente organisées sous l’empire de LVMH. Cette dispersion, évaluée à 130 millions de dollars, n’a plus rien à voir avec celles de 2 à 3 millions de dollars auxquelles Phillips nous avait habitués. Plusieurs autres rendez-vous majeurs sont programmés : à New York, les 18 (art contemporain) et 23 mai (art américain) ; à Londres, le 14 juin (tableaux XIXe) et le 4 juillet avec une importante vente de tableaux anciens incluant des toiles de Jean-François de Troy, François Boucher et Pierre-Paul Rubens. “Quelques autres départements devraient s’étoffer, dont ceux des arts décoratifs du XXe siècle,” souligne Marie-Laure de Cazotte, directrice de Phillips France.

Pour mener cette guerre-éclair, la maison a dû accroître ses effectifs, qui s’élèvent actuellement à 500 salariés, le tiers des équipes de Sotheby’s et de Christie’s. Quelques recrutements ont précédé le rachat de la société par Bernard Arnault : Howard Rutkowski, un ancien cadre de Christie’s a pris la tête du département Tableaux impressionnistes et modernes de Phillips ; Mark Mc Donnell, venant de Christie’s Rome, est désormais chargé des tableaux anciens à Londres. D’autres sont actuellement en cours dans le secteur des arts décoratifs du XXe siècle, notamment. Le bureau new-yorkais, qui compte 35 personnes, devrait accueillir 12 nouvelles “têtes” dans les prochains mois. Les experts ne sont pas les seuls concernés. Les secteurs de la publicité, du marketing, de l’administration et des relations avec la presse devraient eux aussi s’étoffer. Enfin, LVMH a annoncé fin avril la nomination à la tête de l’entreprise de Lord Powell of Bayswater, ancien conseiller des Premiers ministres Margaret Thatcher et John Major, membre du conseil d’administration de LVMH.

Tajan-Phillips avenue Montaigne
Nouvelles ventes, équipes renforcées mais aussi nouveaux locaux. Phillips New York devrait quitter ses anciens bureaux de la 79e Rue pour se rapprocher de Park Avenue et de ses concurrents. À Paris, l’étude Tajan, en passe de devenir Phillips France, s’installera avenue Montaigne dans les anciens locaux de France Télévision. “Nous devrions bénéficier de locaux plus grands – environ 4 000 m2 – pour organiser des ventes plus importantes, comprenant des objets de plus grande valeur, confirme François Tajan. L’idée est de hausser le niveau dans tous les domaines, en respectant la politique généraliste qui est celle de mon père.”

La politique de développement s’appuiera également sur des budgets publicitaires accrus. Celui de Phillips New York dépasse déjà les 3 millions de dollars. L’auctioneer devrait en outre pouvoir compter sur le formidable fichier clients de LVMH et sur la forte motivation de Bernard Arnault, à qui il ne déplairait pas de parvenir, un jour, à l’emporter sur son grand rival, François Pinault, principal actionnaire de Christie’s.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°105 du 12 mai 2000, avec le titre suivant : La mue de Phillips

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