Engagez-vous !

Les rencontres de Chaumont

Par Olivier Michelon · Le Journal des Arts

Le 12 mai 2000 - 427 mots

Pour leur onzième édition, les rencontres internationales des arts graphiques de Chaumont se penchent sur l’engagement politique. Des autonomes allemands aux antinucléaires japonais, revue d’une internationale affichée.

CHAUMONT - Célébrées à maintes reprises, les affiches militantes de 1968 ont vu l’importance de leurs revendications s’amenuiser au fur et à mesure de leurs passages en salle des ventes. Parallèlement à l’inflation de l’image publicitaire dans l’espace public, le message subversif semble avoir déserté les murs. Faute d’espace, de causes ou de stratégies d’action ? Pour leur onzième édition, les rencontres internationales des arts graphiques de Chaumont montrent pourtant que la création graphique et l’engagement politique continuent à se nourrir mutuellement, parfois très rapidement comme le prouve “L’appel du 6 août 1995” lancé par le graphiste japonais U. G. Sato auprès de ses confrères. Rassemblées dans l’Entrepôt des subsistances, les réactions suscitées par la reprise des essais nucléaires français dans le Pacifique obéissent à une logique simple : un fax, une affiche. Le collectif français “Ne pas plier” a ensuite fait agrandir les fax, pour les brandir à Paris quelque temps après. Mêlant un activisme local, parfois violent (squats, occupations...), à des luttes plus globales comme l’écologie ou la défiance envers le libéralisme, le mouvement autonome allemand s’est inscrit dans les années soixante-dix et quatre-vingt dans une perspective d’urgence comparable. “We don’t want just one cake, we want the whole fucking bakery” (Nous ne voulons pas seulement un gâteau nous voulons toute cette putain de boulangerie), claironnent des enfants qui sautent par-dessus une carcasse de voiture sur une affiche berlinoise de 1983. Conséquence indirecte d’une déconcentration plus aboutie qu’en France, les foyers révolutionnaires allemands sont présents dans de nombreuses villes, et se signalent par des styles différents, regroupés pour l’occasion. À un rythme moins soutenu, la revue I-jusi (jus en zoulou), animée par Garth Walker du bureau de design Orange Juice Design, pose autrement le problème de l’engagement. Avec des délais de parution aléatoires, le périodique mène une réflexion sur la nécessité de forger une identité graphique nourrie par la culture sud-africaine pour s’interroger sur l’avenir du pays. Édité à 5 000 exemplaires, et victime de son succès, il est également consultable sur l’Internet (www.ijusi.co.za). Ce qui n’empêchera  pas son fondateur de présenter son travail sur place, le 21 mai, puisque les rencontres, en plus d’un concours international, se doublent de nombreux débats.

- 11es rencontres internationales des arts graphiques de Chaumont, du 19 mai au 16 juillet 2000, journées inaugurales et rencontres les 19, 20 et 21 mai. Expositions ouvertes tous les jours jusqu’au 16 juillet, catalogue, 100p.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°105 du 12 mai 2000, avec le titre suivant : Engagez-vous !

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